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Si « La Promesse Verte » vous pousse à faire le tri dans vos placards, c’est tant mieux pour Édouard Bergeon

CINÉMA – « Un monde qui creuse sa propre tombe ». C’est celui que nous peint Édouard Bergeon dans La promesse verte. Dans son nouveau film avec Alexandra Lamy et Félix Moati, sorti ce mercredi 27 mars, le réalisateur deAu nom de la Terre raconte le combat d’une mère pour sauver son fils et celui de ce dernier pour sauver la planète.

Édouard Bergeon emmène le spectateur en Indonésie, avec le jeune Martin (Félix Moati). L’étudiant en anthropologie se rend sur l’île de Bornéo pour terminer sa thèse sur la déforestation et l’exploitation de l’huile de palme, qui défigurent la forêt primaire et exproprient les indigènes de leurs foyers. Sa curiosité ne plaît pas à tout le monde.

Martin est piégé, enfermé en prison et reconnu coupable de possession de cocaïne. Sa mère, Carole (Alexandra Lamy), tente de l’aider et découvre ainsi les liens entre les exploitants d’huile de palme, les lobbies de l’industrie agroalimentaire et les gouvernements indonésien et français.

Édouard Bergeon a expliqué à HuffPost comment ce film a été un signal d’alarme” Le consommateur français ignore tout cela, car il ne veut rien savoir, mais cela pourrait l’intéresser. Je n’ai rien inventé. Les images des manifestations paysannes ont été diffusées sur France 3. Le projet de défiscalisation de l’huile de palme a été porté à l’Assemblée. Je ne révèle rien, mais j’ai fait un film là-dessus, parce que je voulais le montrer. »

Si c’est de l’huile de palme dont nous parlons La promesse vertepour Édouard Bergeon, le propos est beaucoup plus large, et il s’apparente à celui qu’il a toujours fait valoir, qu’il défendait déjà dans Au nom de la Terre, un film puissant sur le sort des agriculteurs français avec Guillaume Canet.  » Nous importons du bout du monde, ce qui a un coût social et environnemental complètement absurde, alors que chez nous, nous avons des normes meilleures et plus strictes. Là, on parle d’huile de palme, ça aurait pu être du poulet du Brésil, de l’ananas au Costa Rica, du soja en Amérique du Sud, des amandes en Californie, ça n’a pas de sens. »

Une fiction teintée de réalisme

Pour « ouvrir » certaines consciences, et notamment les plus jeunes, à cette problématique à la fois sociale, environnementale, économique, et presque philosophique, le réalisateur a voulu transposer une histoire.

 » L’idée était de s’inspirer de la réalité et d’en créer une fiction. La fiction est puissante, surtout avec une actrice comme Alexandra. Je voulais justement une actrice populaire pour toucher le plus grand nombre. C’est ainsi que le cinéma peut faire bouger les choses. Nous sommes en quelque sorte des « artivistes ». Je n’ai pas l’intention de changer le monde, mais de gagner du temps. »

Dans La promesse verte, Carole est prête à tout ou presque pour sauver Martin. Et en même temps, cette dernière est prête à tout ou presque pour sauver la planète. Mais il est presque le seul. S’il ne s’agit pas de Nila (Julie Chen), la leader des militants, son combat pour la planète et la forêt semble perdu d’avance. Un pessimisme qu’Édouard Bergeon ne partage pas forcément, mais qu’il fallait illustrer.

 » Nous allons prendre le mur, mais il faut le prendre pour qu’il y ait une vraie réaction. Je n’ai pas de boule de cristal, je ne sais pas si c’est trop tard ou pas. Je reste toujours un éternel optimiste. Il y a beaucoup de gens qui bougent et font beaucoup de choses pour changer les choses, même si cela n’arrive pas aussi vite qu’il le devrait. Mais c’est toujours moins fort quand on fait un film sur un sujet de trains arrivant à l’heure. Il fallait un effet « claque »

Édouard Bergeon refuse la culpabilité

L’espoir du réalisateur avec ce film : transmettre des notions essentielles aujourd’hui sur la préservation de la nature mais aussi sur la responsabilité que chacun porte en soi, à son échelle, sans jamais culpabiliser les spectateurs.

 » Si les gens rentrent chez eux et ouvrent leurs placards pour regarder tout ce qui contient de l’huile de palme, tant mieux. D’autant que c’est un film qui se voit en famille. Par contre, ce que je ne veux surtout pas, c’est culpabiliser les gens, ça m’énerve. Je suis dans la transmission, de manière volontaire et conviviale. Les « c’est bien, c’est pas bien », je déteste, y’a pas de nuances. »

Au contraire pour Édouard Bergeon, La promesse verte est un film sur les nuances, les compromis, les deals. Celles qui se déroulent dans le huis clos des bureaux des industriels, des ministères, des tribunaux, et que Carole ne comprend pas trop, mais aussi celles qui se jouent dans les consciences individuelles.  » Nous le faisons tous avec notre copain, nos enfants, pas à la même échelle et avec des enjeux moindres mais quand même. Je veux montrer que la vie est une question de compromis, sans pointer personne du doigt. Je ne suis pas procureur. »

Et comme La promesse verte C’est aussi et surtout un film sur la Terre à l’état pur, Édouard Bergeon n’oublie pas non plus de nous étonner.  » Parce que c’est important de montrer cette belle forêt primaire, avec cette biodiversité, cet orang-outan, ces arbres remarquables. Nous ne sommes rien au final. »

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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