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Maduro appelle à la dénonciation pour débusquer les « traîtres » au Venezuela

Le régime a mis en place une application mobile et une ligne téléphonique spéciale pour traquer les « traîtres » et les « terroristes ». Quelque 2 200 personnes ont été arrêtées pendant et après les manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Nicolas Maduro.

« Allons les chercher ! » Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lancé une campagne de dénonciation ciblant ceux qui ont commis des crimes depuis le balcon du palais de Miraflores. « violence » lors des troubles qui ont suivi sa réélection contestée du 28 juillet. Le gouvernement a mis en place une application pour téléphone portable et une ligne téléphonique de la très redoutée DGCIM (Direction du contre-espionnage militaire) pour débusquer les « traîtres » et le « les terroristes »comme les appelle Nicolas Maduro.

Selon lui, quelque 2.200 personnes ont été arrêtées pendant et après les manifestations, qui ont fait 24 morts selon des organisations de défense des droits humains. Le Conseil national électoral (CNE) a entériné vendredi la victoire de Nicolas Maduro avec 52% des voix, sans toutefois rendre public l’intégralité des procès-verbaux des bureaux de vote, assurant qu’il avait été victime d’un piratage informatique.

Selon l’opposition, qui a publié les documents électoraux obtenus par l’intermédiaire de ses agents électoraux, mais dont la validité est rejetée par Nicolas Maduro, Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté l’élection avec 67% des voix. « Il faut gagner le respect »Nicolas Maduro s’est également exprimé depuis le palais présidentiel. « Je protégerai les gens rue par rue, quartier par quartier ».

« Détentions arbitraires massives »

Devant la prison de Caracas où sont détenus certains manifestants, une femme attend des nouvelles de son frère, arrêté après des manifestations dans un quartier populaire. « Il était avec des amis dans une boulangerie » après une promenade, « et la police est venue et les a emmenés »a-t-elle déclaré à l’AFP, demandant que son nom ne soit pas utilisé. « Ils (la police) font même sortir les gens de chez eux, leur confisquent leurs téléphones pour voir ce qu’ils ont contre le gouvernement. Ils vont de maison en maison… Nous avons peur d’être arrêtés dans la rue. »Elle ajoute.

L’ONG Foro Penal, qui défend les « prisonniers politiques »dénonce « détentions arbitraires massives » dont plus d’une centaine de mineurs. « Il y a beaucoup de peur (…). Beaucoup de gens refusent de signaler leur cas »explique à l’AFP Gonzalo Himiob, vice-président de l’ONG. « Il y a des cas où des personnes ont été arrêtées non pas alors qu’elles manifestaient ou dans la rue, mais tard dans la nuit, à leur domicile, et apparemment ces arrestations sont le résultat de dénonciations (…), généralement dans des quartiers très pauvres. »il continue.

« Signalez-le ! »

Des militants pro-gouvernementaux ont également ouvert des groupes sur les messageries et les réseaux sociaux pour pouvoir dénoncer les manifestants violents. Le gouvernement a aussi très rapidement ouvert un onglet sur l’application VenApp, qui sert à accéder à différents services sociaux de l’État, pour dénoncer les manifestants violents. « guarimberos » (manifestants). « Signalez-le ! » déclare un présentateur de la télévision d’État dans une vidéo faisant la promotion de l’initiative : « Avez-vous vu que vous pouvez dénoncer un fasciste, un guarimbero, un terroriste ? »

L’application a été bloquée dans les magasins Google et Apple, puis désactivée. Nicolas Maduro a cependant assuré que « plus de 5000 menaces » signalé par ce canal avait été « traité ». Parallèlement, la DGCIM a mis en place une ligne téléphonique de réclamations. L’opération a été baptisée « Toun-Tun »l’équivalent de « Toc Toc »pour montrer que la police peut frapper à toutes les portes.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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