Le président Emmanuel Macron a opposé vendredi le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, à neuf jours du premier tour des élections législatives, alors que sa majorité dénonçait la « matraquage fiscal » ce que représenterait le programme économique de la gauche.
L’alliance de gauche a détaillé vendredi un ambitieux programme de relance budgétaire, avec 25 milliards d’euros de dépenses supplémentaires à partir de 2024. Selon les chiffres présentés en conférence de presse, les dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 150 milliards d’euros fin 2027 à recettes équivalentes, en grande partie grâce à une augmentation des impôts.
Parmi les mesures phares dès 2024, l’instauration d’un impôt sur la fortune (ISF) « avec une composante climatique ». Cela rapporterait 15 milliards d’euros, au même titre qu’une taxe sur les superprofits.
La gauche promet « aider » petites entreprises à supporter le coût de l’augmentation du salaire minimum de 14% à 1.600 euros net et réfléchit à un nouveau « grande loi » avant 2027 avec un retour à la retraite à 60 ans.
Les programmes économiques de la gauche et du RN suscitent l’inquiétude dans les milieux économiques et financiers, et sont sévèrement attaqués par la majorité macroniste.
Le ministre de l’Economie Bruno le Maire, qui a encore promis vendredi de réduire le déficit public du pays à 3% du PIB en 2027 (contre 5,5% en 2023), voit dans la chute des marchés financiers et la hausse du coût de la dette « les conséquences directes de programmes économiques et financiers totalement insensés et irresponsables ».
« C’est un broyeur de la classe moyenne, ce sont des augmentations d’impôts sur la classe moyenne »a réagi le Premier ministre Gabriel Attal tandis que la gauche assure que son programme n’impactera que les revenus supérieurs à 4 000 euros.
S’exprimant à l’Elysée lors de la Fête de la Musique, le président Emmanuel Macron a défendu sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections anticipées les 30 juin et 7 juillet.
« Il y a des extrêmes qu’on ne peut pas laisser passer »il a insisté sur la gauche et l’extrême droite. « Je vous le dis en responsabilité, on n’arrive pas à les laisser monter et à se dire ‘c’est très grave et ça va arriver’. Il est désormais temps d’être responsable ! ».
Niveau d’enregistrement des proxys
Selon plusieurs sondages publiés vendredi, la compétition est toujours nettement dominée par le Rassemblement national (RN) avec 33 à 35%, devant le bloc de gauche Nouveau Front populaire crédité de 28 à 29% et l’actuelle majorité macroniste (19 à 35%). 21,5 %).
Mais le parti de Marine Le Pen aura beaucoup de mal à obtenir la majorité absolue des députés, soit 289 sièges, une hypothèse que n’exclut pas l’institut Odoxa, dans une enquête pour le Nouvel Obs.
Le leader du RN a pris acte d’un éventuel blocage à l’Assemblée nationale si aucun des trois principaux camps n’obtient un nombre suffisant de députés. Le président Emmanuel Macron ne pouvait que rester « la démission pour sortir potentiellement d’une crise politique »a-t-elle estimé vendredi.
Pour limiter le succès du RN, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, ancienne tête de liste socialiste aux élections européennes, a appelé les candidats du Nouveau Front populaire à se retirer au second tour s’ils arrivaient troisièmes, en cas de triangulaire.
L’alliance de gauche doit toujours se défendre contre les accusations d’antisémitisme à LFI, une nouvelle fois avancées par Gabriel Attal qui estimait que « La gauche passe du « J’accuse » (NDLR : le titre de l’éditorial de Zola lors de l’affaire Dreyfus) sur le banc des accusés.
« Aucun des dirigeants du Nouveau Front populaire n’a jamais été condamné pour antisémitisme », a plaidé l’ancienne chef de file des députés Mathilde Panot. Mais le sujet reste d’actualité dans la campagne après l’émotion suscitée par le viol antisémite d’une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) où quelques centaines de personnes se sont rassemblées vendredi devant la cité hôtelière.
En déplacement à Marseille pour soutenir la secrétaire d’État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, Gabriel Attal, qui a demandé aux Français de » choisir « en tant que Premier ministre, continue de mener la campagne pour la majorité.
Elle prend de plus en plus ses distances avec Emmanuel Macron, accusé par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe d’avoir « tué la majorité présidentielle » en décidant de dissoudre l’Assemblée.
Le niveau de participation sera une clé du vote car il détermine le nombre de triangulaires possibles au second tour dans les 577 circonscriptions. Un candidat doit en effet obtenir un score supérieur à 12,5% des inscrits pour pouvoir rester.
Signe de cette mobilisation pour les élections du 30 juin et du 7 juillet, le ministère de l’Intérieur a dénombré 1 055 067 procurations (pour le premier tour, le second tour et les deux), un chiffre déjà six fois supérieur à celui de 2022.