Le président français Emmanuel Macron a appelé vendredi depuis Beyrouth à « accélérer » la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur fin novembre et expirant le 26 janvier. « Des résultats ont été obtenus (…) mais ils doit s’accélérer, se confirmer dans le temps. Il faut un retrait total des forces israéliennes, un monopole total de l’armée libanaise sur les armes », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue libanais Joseph Aoun, au palais présidentiel de Baabda.
M. Macron a également félicité son homologue libanais d’avoir mis fin au vide politique au Liban : « Vous avez mis fin au vide politique au Liban et vous mettez le pays sur la voie du redressement. Nous mobiliserons la communauté internationale pour aider le Liban dans tous les domaines », a-t-il souligné, renouvelant l’engagement de la France aux côtés des Libanais et son soutien à leur « objectif d’un Liban souverain ». Dans ce contexte, Emmanuel Macron a annoncé la tenue d’une nouvelle conférence internationale à Paris « pour la reconstruction » du Liban.
Le Liban « doit rester à l’écart des ingérences extérieures, c’est une condition pour pouvoir pérenniser l’application du cessez-le-feu », a ajouté M. Macron. « Nous continuerons à soutenir l’armée pour son déploiement au Sud-Liban et travaillerons avec le Liban pour le tracé des frontières le long de la Ligne bleue », a-t-il également affirmé.
« J’espère que vous témoignerez au monde entier que les Libanais ont repris confiance dans leur pays et leur Etat et que le monde doit retrouver une confiance totale dans le Liban car le Liban réel et authentique est revenu », a-t-il déclaré. » a affirmé le président libanais Joseph Aoun au président Macron. Après la rencontre entre les deux chefs d’Etat, une rencontre élargie a eu lieu entre eux mais également le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre sortant Nagib Mikati. M. Macron s’est également entretenu avec M. Berry au palais présidentiel de Baabda.
Plus tôt dans la matinée, le président français Emmanuel Macron avait affirmé que « les choses avancent, la dynamique est positive » sur l’application du cessez-le-feu. Ces propos ont été tenus dans une déclaration faite aux journalistes à l’issue de sa rencontre avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU au Liban (FINUL), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous l’égide de de Paris et de Washington pour vérifier l’application du cessez-le-feu. Emmanuel Macron a été accueilli à sa descente de l’avion à Beyrouth par Nagib Mikati, ainsi que par l’ambassadeur de France au Liban Hervé Magro.
Le président français est arrivé à Beyrouth peu avant 7 heures du matin pour une visite où il rencontrera différents responsables politiques et militaires libanais. Cela intervient une semaine après l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République libanaise, et quelques jours après la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre.
« Je suis heureux d’être au Liban qui est entré dans une nouvelle phase », a déclaré M. Macron aux journalistes sur place, rapporte un communiqué du Sérail. Il a salué le travail accompli par Nagib Mikati « pendant toutes ces années au service de tous les Libanais, notamment dans la récente période difficile de la guerre ». » Il a ensuite rappelé qu’il rencontrera à nouveau les membres du comité de suivi du cessez-le-feu ainsi que Joseph Aoun, Nabih Berry et M. Mikati.
Le président Macron et la délégation qui l’accompagne se sont rendus en fin de matinée dans le quartier de Gemmayzé à Beyrouth, où ils ont rencontré des volontaires de la Croix-Rouge libanaise, ainsi que des membres d’autres associations humanitaires. Prochain arrêt : le centre de dons Nation Station, puis l’École des Trois Médecins, en centre-ville.
Le Premier ministre sortant a, de son côté, indiqué avoir évoqué avec le président français « les enjeux économiques et la reconstruction » du Liban, après la guerre destructrice entre le Hezbollah et Israël. Selon Nagib Mikati, le chef de l’Élysée « a été très compréhensif de la situation libanaise et a promis de poursuivre le travail et le soutien au nouveau gouvernement », qui doit être formé par Nawaf Salam.
Concernant le retrait israélien du Sud-Liban et le respect de l’accord de cessez-le-feu, qui expire le 26 janvier, M. Mikati a déclaré : « Je pense que les choses évoluent vers un retrait cohérent, selon le délai fixé. Quant au sujet des violations israéliennes, il sera abordé lors de la réunion du comité d’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin en 2006 à la guerre entre le Hezbollah et Israël. « Les plaintes nécessaires seront déposées. Il y a des promesses selon lesquelles les violations cesseront à la fin des 60 jours. J’espère que c’est ce qui va se passer », a déclaré le Premier ministre sortant.
M. Macron s’est ensuite rendu au palais présidentiel de Baabda y pour rencontrer son nouvel homologue, élu par les députés du Parlement libanais après plus de deux ans de vacance à la tête de l’Etat. Emmanuel Macron doit aussi retourner dans le quartier dévasté par la gigantesque explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, où il a été accueilli en sauveur par une population en colère contre ses dirigeants de l’époque.
L’explosion, provoquée par le stockage de plusieurs tonnes de nitrate d’ammonium, a défiguré la capitale libanaise et fait plus de 220 morts. Le président français est revenu trois semaines plus tard pour obtenir de la classe politique un engagement à former un gouvernement réformateur, promesse qu’elle n’a jamais tenue.
Avant sa visite, Emmanuel Macron a accordé un entretien exclusif à L’Orient-Le Jour de l’Élysée. « La recrudescence à laquelle nous assistons au Liban est un espoir incroyable », a entre autres déclaré le président français. Sa visite express de 12 heures coïncide avec celle du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, arrivé jeudi soir à Beyrouth, et il est possible que les deux hommes s’y voient, selon une source diplomatique française.
Ce déplacement du président français vise à « aider » son homologue Joseph Aoun, élu il y a une semaine après deux ans de vacance à la présidence de la République, et le Premier ministre désigné Nawaf Salam « à consolider la souveraineté du Liban, à assurer sa prospérité ». et de maintenir son unité », a déclaré l’Élysée. « Au Liban, nous sommes passés en quelques mois d’une situation d’escalade dramatique à une situation d’espoir d’une éventuelle reprise. C’est une dynamique à laquelle la France a fortement contribué », souligne une source diplomatique française. Elle ajoute que Nawaf Salam, juge international respecté, « bénéficie d’une aura internationale et représente une véritable figure réformatrice », mais elle estime que « cet espoir » doit encore se concrétiser « avec un gouvernement et des réformes ».
Cet article sera mis à jour tout au long de la journée.
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