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« Ma vie, mon visage », un autoportrait fantasque et décalé de la réalisatrice Sophie Fillières disparue en juillet 2023


Agnès Jaoui incarne avec brio, du début à la fin, un personnage à la fois exubérant, fragile et terriblement attachant.

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 3 min

Agnès Jaoui dans

Récit délicat et drôle du long parcours d’une femme d’une cinquantaine d’années pour trouver sa place et le goût de la vie, le septième long métrage de Sophie Fillières, Ma vie mon visage, est en salles mercredi 18 septembre. Une sortie d’autant plus attendue et émouvante que le réalisateur est décédé en juillet 2023, juste après le tournage du film.

Sophie Fillières a confié à ses deux enfants Agathe et Adam Bonitzer et à son monteur François Quiperé le soin de réaliser le montage et la post-production du film. Ma vie mon visage n’est en aucun cas un film hommage ou testamentaire, Sophie Fillières n’ayant pas conscience de sa maladie lorsqu’elle a écrit le scénario.

L’ultime long métrage de la cinéaste retrace le parcours d’une femme pour retrouver son désir. Un chemin sinueux entre ses errances, sa peur de la mort et son goût de la joie. Cet autoportrait se divise en trois actes : une comédie douce-amère (Pif) sur la crise de la quarantaine d’une mère, la tragédie (Paf) quand la vie bascule et enfin la résurrection (Youkou) de celle qui a trouvé sa place.

Au fil de ces trois temps, Sophie Filllières n’a pas son pareil pour raconter la vie telle qu’elle va et ses situations cocasses, passée maître dans l’art de l’autodérision. Mieux encore, elle offre à la poésie – mots, images, séquences – une place centrale dans son récit, comme une réponse à l’absurdité de la vie.

Même si d’autres acteurs jouent un rôle fort dans le film, notamment Valérie Donzelli (qui joue la sœur du personnage principal), Laurent Capelluto (une vieille connaissance) et Philippe Katerine (lui-même), Agnès Jaoui est de tous les plans. Dans le rôle de Barberie Bichette (dite Barbie), elle incarne subtilement cette héroïne fantasque qui se demande le matin combien de douches il lui reste avant de mourir, brille la nuit avec son gilet jaune et gronde son psychanalyste le jour lorsqu’il refuse de prendre part à une conversation anodine. Ce personnage est l’ater ego de la réalisatrice. Agnès Jaoui nous a confirmé à quel point Sophie Fillières a poussé ce mimétisme : « Elle ne m’a pas dit : tu seras moi. Par contre, elle m’a donné ses vêtements, ses t-shirts, ses bagues que je lui rendais tous les soirs, ses chaussures qui me font marcher d’une manière particulière… ». Et d’ajouter : « Ça a été tourné chez elle, avec ses copines ! Et les scènes avec son psy ont été tournées chez son psy, avec son psy. Alors, eh bien… ».

Fantaisiste et maladroit, Ma vie mon visage bouleverse et surprend par sa lumière. Comme cette scène où Barberie laisse ses enfants, Rose (Angelina Woreth) et Junior (Edouard Sulpice) sur le quai, pour fuir vers les Highlands écossais. Un adieu joyeux et confiant. Une scène troublante car elle se révèle aujourd’hui prémonitoire.

Affiche du film

Genre : Comédie dramatique
Directeur: Sophie Fillières
Acteurs : Agnès Jaoui, Valérie Donzelli, Philippe Katherine, Angelina Woreth, Edouard Sulpice
Pays : France
Durée : 1h39
Sortie : 18 septembre 2024

Synopsis: Barberie Bichette, qu’on appelle Barbie à son grand dam, a pu être belle, a pu être aimée, a pu être une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amante, oui peut-être… Aujourd’hui, c’est sombre, c’est violent, c’est absurde et ça l’effraie : elle a 55 ans (autant en avoir 60 et bientôt plus !). C’était inévitable, mais comment faire face à soi-même, à la mort, à la vie en somme…

Grb2

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
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