Divertissement

« Ma vie, mon visage » : Agnès Jaoui est exceptionnelle dans le film posthume de Sophie Fillières

En salles ce mercredi 18 septembre, la comédie « Ma vie ma gueule » est un autoportrait plein de fantaisie et de sensibilité de sa réalisatrice Sophie Fillières décédée à la fin du tournage en juillet 2023.

Les films de Sophie Fillières ont toujours été personnels et particuliers, mais Ma vie ma gueule l’est encore plus, et personnel et particulier. Parce qu’elle le voulait autobiographique plus que tout autre. Parce qu’elle le considérait comme son meilleur. Parce que la maladie l’a emportée à 58 ans avant d’avoir pu terminer la postproduction, mission qu’elle a confiée à ses enfants Agathe et Adam Bonitzer et à son monteur François Quiperé.

L’histoire de Barberie Bichette, dite « Barbie »

Néanmoins, Ma vie mon visage n’est pas une œuvre crépusculaire ou testamentaire. Au contraire. Sophie Fillières, qui ignorait sa maladie lorsqu’elle a écrit le scénario, raconte l’histoire sensible et loufoque, drôle et délicate, du chemin tortueux et vertigineux d’une femme vers la vie.

Son double fictif s’appelle Barberie Bichette, dite « Barbie » (ce qu’elle n’aime pas vraiment), et est (brillamment) interprétée par Agnès Jaoui. Comme le synopsis le dit mieux que quiconque, elle a « Elle a peut-être été belle, elle a peut-être été aimée, elle a peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amante, oui peut-être… »

Mais aujourd’hui, à 55 ans, elle craque, elle titube, elle erre. Entre sa peur de la mort (combien de douches encore avant la fin ?), son goût pour la joie (plutôt qu’un nouveau slogan publicitaire, tu prendras un petit poème !) et sa conscience de l’absurdité de l’existence (une angoisse que son psy semble attiser autant qu’apaiser). Bref, Barbie pète les plombs, c’est pas très drôle… mais quand même un peu, allez, parfois, beaucoup car Sophie Fillières était comme ça, généreuse et folle, sensible et drôle.

Elle a donc découpé son (auto)portrait de femme au bord de la crise de nerfs en trois actes, trois genres, aux titres farfelus : d’abord une comédie douce-amère (Renifler) lorsqu’il s’agit de montrer le quotidien chaotique de cette mère travaillant dans la publicité ; alors, un drame (Claquer) quand ça s’effondre vraiment ; enfin, un roadtrip (Youkou!) lorsqu’elle trouve sa place parmi les vivants en prenant la tangente.

Si le casting est merveilleux (Valérie Donzelli dans le rôle de sa sœur, Laurent Capelluto en vieille connaissance… inconnue, Edouard Sulpice et Angelina Woreth en enfants vaillants, Philippe Katerine dans son propre rôle), une fois de plus, Agnès Jaoui est exceptionnelle. Dans presque chaque plan, elle donne corps et esprit, profondeur et légèreté, à cette comédie de la dépression délicieusement mélancolique, qui se termine par une chanson et un sourire. Ultime élégance de Sophie Fillières.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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