« Ma place est avec l’Algérie », Kaylia Nemour savoure sa victoire aux barres asymétriques et ne regrette rien
L’athlète a offert à son pays et à son continent la première médaille d’or de son histoire en gymnastique, ce dimanche 4 août. Elle aurait pu défendre les couleurs de la France si un incroyable imbroglio n’avait opposé son club à la Fédération.
Kaylia Nemour n’a que 17 ans mais elle a déjà vécu tant de choses. La jeune gymnaste algérienne a remporté le titre olympique aux barres asymétriques à Bercy, ce dimanche 4 août, au terme d’une performance de haut vol.
Sur son agrès favori, l’adolescente a fait honneur à son statut en obtenant la note de 15,700 des juges. Un score bien meilleur que celui de sa rivale Qiu Qiyuan. Cette dernière lui avait ravi le titre de championne du monde à Anvers en novembre dernier, de justesse. Aujourd’hui, le destin lui a souri et l’or a changé de mains.
« C’est fou. Je suis choquée. Je n’y crois toujours pas. Pour moi, il y a autre chose après les Jeux Olympiques, après la médaille d’or », savourait Kaylia Nemour sur RMC, dans un mélange de joie et d’incrédulité. « Je suis très très heureuse d’avoir remporté cette médaille d’or aujourd’hui. C’est vraiment le résultat et la récompense de toutes les années de travail que j’ai faites, notamment ces trois dernières années. J’ai traversé des moments compliqués et c’est waouh, c’est incroyable. »
Le soutien des Français et des Algériens
Avec ce titre olympique, Kaylia Nemour écrit non seulement l’histoire de son pays mais aussi celle de son continent. Jamais avant les Jeux de Paris une athlète africaine n’avait remporté le plus beau métal de la gymnastique.
« C’est vraiment incroyable, je suis tellement, tellement heureuse. Le fait que ça ait eu lieu à Paris, il y avait tout le soutien des Français et des Algériens et je ne pense pas que ça aurait été mieux à l’étranger », a déclaré la jeune gymnaste.
Ce soutien local n’est pas surprenant puisque Kaylia Nemour possède également la nationalité française. Elle est née en Indre-et-Loire et s’entraîne en France. Et sans un incroyable imbroglio, Kaylia Nemour n’aurait jamais porté les couleurs du pays d’origine de son père.
Colère et tristesse
Le casus belli remonte à 2021. Celle qui a rejoint l’équipe de France à l’âge de 12 ans connaît une forte poussée de croissance, qui se traduit par un problème osseux relativement rare : l’ostéochondrite. Kaylia Nemour doit se faire opérer des deux genoux.
Un an plus tard, après avoir obtenu le feu vert de son chirurgien, elle aspire à reprendre la compétition. Mais son retour au plus haut niveau est freiné par un avis médical rendu par la Fédération française de gymnastique, qui émet des « restrictions temporaires de pratique ».
C’est le début d’une bataille judiciaire de plusieurs mois entre le club de Kaylia Nemour – Avoine-Beaumont – et la Fédération. L’adolescente en a été la victime collatérale et a fini par être exclue du collectif France. « Clairement, j’étais en colère, triste, je ne comprenais pas, je trouvais que ce n’était pas juste », se souvient Nemour auprès de l’Agence France-Presse (AFP).
Finalement, après mûre réflexion, elle et ses parents décident de changer d’allégeance. Depuis 2022, elle représente l’Algérie, un pays que l’adolescente connaissait très peu avant de choisir de le représenter, mais qu’elle découvre avec grand plaisir.
« Elle a trouvé un équilibre »
C’est peut-être la meilleure décision de sa jeune carrière, quand on voit les résultats de l’équipe de France de gymnastique. Kaylia Nemour, en tout cas, n’aspire à aucun retour en arrière. « Je ne prendrai pas la décision de retourner en France. Ma place est avec l’Algérie. Je suis très, très fière et heureuse de représenter ce pays », assure-t-elle.
Avant le début des JO, Marc Chirilcenco, son entraîneur, avait souligné « que Kaylia est française mais qu’elle a choisi de représenter l’Algérie pour ses convictions sportives ». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, elle a trouvé un équilibre ».
C’est donc sous les couleurs de l’Algérie qu’elle fera sa carrière. Et peut-être, qui sait, continuera-t-elle à marquer l’histoire de son pays. À 17 ans, elle n’est pas seulement championne olympique. La gymnaste a déjà donné son nom à une figure sur les barres : le « Nemour ». Un élément qui a été intégré au code de pointage de la Fédération internationale de gymnastique. Rien que ça.