«Ma mère me dit qu’ils veulent mourir pour échapper à ce quotidien apocalyptique», raconte l’ambassadrice palestinienne Hala Abou Hassira.
Née à Gaza, où vit une partie de sa famille, Hala Abou Hassira, représentante en France de l’Autorité palestinienne depuis deux ans, a reçu « le magazine l’Humanité » à l’ambassade. Son émotion est forte face à ce drame qui dure depuis huit mois. Cela l’a directement touchée avec la mort d’une soixantaine de membres de sa famille dans les bombardements israéliens.
Une partie de votre famille vit dans la bande de Gaza. Après huit mois, comment décririez-vous la vie quotidienne de deux millions de Palestiniens ?
Ils tentent de survivre (sa voix s’arrête un long moment – NDLR). La plupart des grèves ont lieu la nuit. Les conséquences sont dramatiques car les habitants n’arrivent plus à dormir. La nuit est synonyme de terreur pour les enfants, les femmes et les personnes âgées. Tout le monde a peur de fermer les yeux et de ne pas se réveiller.
C’est l’angoisse des parents, qui restent impuissants à protéger leurs enfants de la mort. Ma famille m’a dit qu’ils comptaient chaque seconde qui les séparait du jour et de la fin des grèves. Imaginez les conséquences sur les individus.
La journée s’avère être une autre bataille. Il faut trouver quelque chose à manger et à boire. Face à la famine, les 2 millions d’habitants mangeaient de la nourriture animale, des restes, du sable, tout ce qui était possible. Les enfants mettent des pierres sur leur ventre pour ne pas avoir faim. Israël a coupé les communications dans la bande de Gaza et avec le monde extérieur. Les habitants de Gaza ne sont pas conscients de ce qui se passe dans les autres villes de l’enclave et entre les quartiers. Ils ne savent pas où se trouvent les bombardements. Ils attendent juste leur tour.
A chaque échange, on se dit au revoir. Ils sont tellement épuisés que ma mère m’a dit qu’ils voulaient mourir pour échapper à ce quotidien apocalyptique (elle s’arrête sous le coup de l’émotion – NDLR).