Lydia se lance dans la banque en ligne avec un compte rémunéré
La banque lancée mercredi en France, baptisée Sumeria, propose « un compte courant aussi efficace que les autres services numériques », assure Cyril Chiche, président de Lydia Solutions. Selon lui, les acteurs traditionnels, dont les banques en ligne, ne peuvent y parvenir, « car l’activité de dépôt ne couvre pas à elle seule leurs coûts structurels ».
« Nous avons donc besoin de l’avènement d’un acteur du numérique qui, comme Uber, Airbnb ou Spotify, transforme son secteur grâce à une structure de coûts radicalement allégée », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Lancée en 2013, l’application de paiement entre particuliers Lydia s’est enrichie à partir de 2018 de plusieurs autres activités « plus ou moins réussies », admet le groupe, indiquant que cela l’a décidé « à revenir à une approche plus concentrée, autour du compte courant à partir de 2023 ». .
La société a lancé en avril une application Lydia Comptes qui compte déjà deux millions de titulaires de comptes courants mais Sumeria sera dans le paysage bancaire actuel le seul « compte courant rémunéré en France », a-t-il assuré à l’AFP.
« Il y a une situation dans le paysage français qu’on a longtemps appelé ni-ni » : « ni rémunération des dépôts en comptes courants, ni facturation des chèques et tenue de compte. Et puis, la deuxième partie du ni-ni s’est évaporée. La tenue des comptes, et même ses coûts, augmentent chaque année, ou presque », assure M. Chiche.
Compte courant rémunéré
Sumeria propose de rémunérer les comptes courants de ses clients à 2%, avec une offre spéciale de 4% limitée à quatre mois après le lancement, soit un taux supérieur à celui du livret A.
« Il y a actuellement 500 milliards d’euros qui dorment paisiblement, impayés, dans les comptes courants » des particuliers en France, a déclaré M. Chiche lors d’une conférence de presse mercredi à Paris.
L’entreprise prévoit d’investir 100 millions d’euros et d’embaucher 400 personnes sur trois ans avec pour objectif d’atteindre cinq millions de clients dans ce délai.
Lydia compte déjà 250 collaborateurs basés à Paris, Nantes, Bordeaux et Lyon.
Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire Fintech, a déclaré à l’AFP que « de manière générale, il faut avoir une vision à long terme dans un écosystème très bancarisé comme les Etats-Unis ou l’Europe car il est très difficile de gagner des clients en peu de temps ». » Il donne ainsi l’exemple de la banque numérique « Nickel qui fête ses dix ans et compte aujourd’hui 6 millions de clients ».
L’ouverture d’un compte Sumeria avec une carte de paiement Visa est gratuite, sans frais lors d’un paiement à l’étranger, mais il existe une version premium à 99 euros par an.
« À la conquête de l’Europe »
Les 18-34 ans, « la tranche de population la plus exigeante et la plus mature numériquement », seront ciblées en priorité. C’est déjà cette tranche d’âge qui utilise le plus la plateforme française de paiement mobile du groupe, lancée en 2013, qui compte plus de 8 millions d’utilisateurs, selon le groupe.
L’entreprise a également demandé un agrément en tant qu’établissement de crédit et envisage de « conquérir l’Europe » d’ici 2026, selon le communiqué.
« Nous ambitionnons de devenir la première banque européenne d’ici 2030 », a déclaré à l’AFP Antoine Porte, co-fondateur de Lydia, qui vise dans un premier temps l’Allemagne comme première étape de son expansion européenne.
Il n’existe pas de marque bancaire européenne pour les particuliers, « c’est-à-dire une banque que les Allemands, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais puissent citer », explique-t-il.
Les géants bancaires ne sont pas toujours présents sous leur nom pour la banque de détail dans les différents pays.