Retour aux sources pour Lydia. La fintech française annonce le lancement d’une toute nouvelle application, mais aucun service révolutionnaire à l’horizon. En effet, il s’agit d’une application au design épuré pour proposer uniquement ses services traditionnels : le paiement entre amis et la cagnotte en ligne.
En agissant ainsi, l’entreprise devenue licorne il y a deux ans veut revenir à la recette initiale qui a contribué à l’émergence de sa forte notoriété il y a une décennie. Ceux qui connaissent l’application existante peuvent toutefois se rassurer : elle ne va pas disparaître. Il est également rebaptisé « Comptes Lydia », et toutes les fonctionnalités qu’il intègre continueront à être proposées à l’avenir.
L’idée est plutôt de gagner en clarté auprès des utilisateurs. « Pour ceux qui souhaitent uniquement effectuer des remboursements et lancer des cagnottes, ils se dirigeront vers la nouvelle application. Pour ceux qui veulent plus, notamment investir et épargner, ils resteront sur les Comptes Lydia »résume Antoine Porte, co-fondateur de Lydia, avec Folie. « Dans une série, il faut parfois faire un spin-off pour redonner un nouveau souffle aux personnages. Dans la série originale, nous sommes devenus une application bancaire. Avec notre spin-off que représente la nouvelle application, nous partons pour plusieurs saisons”il ajoute.
« La Lydia d’aujourd’hui n’est plus la même qu’avant »
Avec le lancement de cette nouvelle application sobrement baptisée « Lydia », l’entreprise parisienne, qui compte désormais plus de 7 millions d’utilisateurs, pose l’expression « Je ferai de toi une Lydia ? au cœur de sa démarche. Avec son application de remboursement entre amis, Lydia a en effet réussi le tour de force de s’imposer dans le langage courant des Français, au point même d’apparaître dans le dernier roman de Guillaume Musso. Mais ce qui a fait le succès de ce fleuron de la French Tech s’est peu à peu perdu dans la galaxie des services proposés au sein de son application.
Elle est ainsi devenue une véritable plateforme bancaire permettant de disposer d’un compte courant et d’une carte Visa, de payer en ligne, d’accéder à des produits d’épargne et d’investissement, ou encore de bénéficier de fonctionnalités de gestion budgétaire pour permettre aux utilisateurs de mieux maîtriser leurs dépenses quotidiennes. « La Lydia d’aujourd’hui n’est plus la même qu’avant »concède Antoine Porte.
Ce basculement s’est parfois accompagné de changements qui ont pu déstabiliser les utilisateurs, comme lorsque l’entreprise a décidé il y a un an de les obliger à avoir un solde positif sur l’application avant d’effectuer un paiement. Face à l’incompréhension de ses utilisateurs, les dirigeants de Lydia ont décidé de faire marche arrière en début d’année.
« L’ère des super-apps est révolue »
Plus largement, la fintech française, qui affiche depuis longtemps sa volonté de devenir « le PayPal de la nouvelle génération mobile »a décidé d’abandonner son modèle de « super-app » dans le sillage de WeChat en Asie ou de Revolut en Europe. « L’ère des super-apps est révolue », estime Antoine Porte. Avant d’ajouter : « À la fin des années 2010, les applications se sont transformées en portails. Aujourd’hui, on retrouve le plaisir de redécouvrir des applications simples.
C’est donc dans cette optique que Lydia imagine une nouvelle application pour retourner aux origines. « Cela semblait tellement évident. C’est un nouveau terrain de jeu pour nous.se réjouit le co-fondateur de Lydia. « Je pense que nous avons perdu au moins 2 millions de clients en n’ayant pas cette application plus tôt. Cela va accroître le recours aux cagnottes en France, ce qui est spécifique à notre pays., il ajoute. Le lancement de la nouvelle application s’accompagne d’une nouveauté : l’introduction des IBAN pour les cagnottes afin de permettre la participation par virement bancaire.
« Ce n’est que le début »
Si ce retour aux sources était attendu par les utilisateurs, selon les dirigeants de Lydia, cela était également le cas chez les 220 salariés de l’entreprise. « En interne, le lancement de cette nouvelle application a été vécu comme une libération pour chacun. Jusque-là, on pouvait craindre de perturber les différents services proposés. Désormais, il n’y aura plus d’ambiguïté. »se réjouit Félix Lepoutre, vice-président en charge du design chez Lydia. « Ce n’est que le début. Nous préparons de nombreuses innovations révolutionnaires pour nos clients »il promet également.
Avec ses deux applications qui vont cohabiter, Lydia espère attirer à la fois ses utilisateurs les plus fidèles et les personnes intéressées par ses services et ayant perdu de vue sa promesse initiale. C’est aussi une manière pour la fintech de développer ses volets bancaire et social en évitant qu’ils se cannibalisent les uns les autres car elle est entrée en concurrence davantage avec les néobanques qu’avec des acteurs comme Lyf Pay ces dernières années.
De plus, la licorne a bouclé une levée de fonds de 103 millions de dollars en décembre 2021, ce qui lui permet d’être sereine malgré la crise du financement qui frappe la tech. L’entreprise indique avoir plus de quatre années de piste devant elle. De quoi aborder l’avenir avec ambition. « Nous avons besoin d’entreprises qui continuent de croître pendant 30 ou 40 ans, et nous voulons faire partie de ces entreprises. Notre objectif est de tenir longtemps pour être au bon moment et au bon endroit lorsque le marché évolue. »assure Antoine Porte.