LVMH trébuche et annonce une baisse de son bénéfice net au premier semestre
Le géant du luxe est lui aussi en perte de vitesse. Après avoir habitué ses actionnaires à une croissance constante de ses bénéfices et de son chiffre d’affaires, LVMH a a annoncé mardi une baisse de 14% de son bénéfice net au premier semestre, le ramenant à 7,26 milliards d’euros. Le recul est également palpable sur la performance opérationnelle. Le taux de marge opérationnelle courante s’établit à 25,5% sur le semestre, contre 27,4% au premier semestre 2023.
Les ventes du groupe de Bernard Arnault ont également reculé de 1% à 41,68 milliards d’euros, dans un climat d’incertitudes économiques et géopolitiques « Le chiffre d’affaires est ainsi inférieur aux prévisions établies par les analystes de Bloomberg et Factset, qui tablaient respectivement sur 42,13 et 42,3 milliards d’euros.
Dans le détail, LVMH souffre notamment d’une baisse de 2% des ventes de la division phare du groupe, Mode et Maroquinerie, à 20,77 milliards d’euros et d’une chute de 6% du résultat opérationnel de cette division. Le groupe fait néanmoins valoir qu’à structure et taux de change comparables, les ventes ont néanmoins progressé de 1%, ce qui représente » croissance continue sur une base de comparaison élevée « . De même, il souligne la marge opérationnelle de près de 40% de cette division, qui » reste à des niveaux historiquement élevés « .
Les ventes de montres et de bijoux ont chuté de 5% à 5,15 milliards d’euros. Les ventes de vins et spiritueux ont reculé de 12% à 2,8 milliards d’euros. Elles ont été marquées par une baisse de la consommation de champagne dans un contexte de « de normalisation » de la demande selon le groupe, ainsi que par un cognac pénalisé par une faible demande en Chine. Le chiffre d’affaires des parfums et cosmétiques a progressé de 3% pour passer les 4 milliards d’euros, tiré par les parfums et le maquillage. Sephora tire les ventes de la distribution sélective, en hausse de 3% à 8,6 milliards d’euros. La division est pénalisée par les ventes des galeries marchandes en aéroports (DFS), qui restent inférieures aux niveaux d’avant Covid.
Le secteur du luxe se grippe
Ce recul, inhabituel pour le géant français, semble être commun à la quasi-totalité du secteur du luxe. Le 15 juillet, l’horloger suisse Swatch Group a fait état d’une chute de 70,5% de son bénéfice net au premier semestre, plombé par le ralentissement de la demande en Chine. La performance est » très mauvais « , jugeaient les analystes de Bernstein, soulignant également l’exposition du groupe à la classe moyenne chinoise. Le même jour, le groupe de luxe britannique Burberry a annoncé le remplacement de son directeur général Jonathan Akeroyd, suite à la publication d’une nouvelle » performance décevante « .
Autant de mauvaises nouvelles qui ont fait chuter le cours des actions des deux entreprises le 15 juillet, de respectivement 9,78% et 16,08%. Au cours de la même séance, d’autres noms du secteur ont été entraînés vers le bas, comme Kering (-5,28%), LVMH (-2,65%) ou encore Hermès (-2,58%) à Paris, Salvatore Ferragamo (-7,34%) à Milan. A noter que plusieurs groupes publieront leurs résultats du premier trimestre dans les prochains jours, dont Kering (le 24 juillet), Hermès (le 25 juillet) et L’Oréal (le 30 juillet).
Une année record 2023
Si les investisseurs ont lourdement sanctionné les groupes de luxe, comme ils puniront probablement LVMH à l’ouverture de la Bourse demain, c’est parce que ces derniers ont réalisé une année 2023 très rentable et ne s’attendaient pas à un début d’année aussi morose. Fin janvier, le numéro un mondial du luxe avait de nouveau annoncé des résultats records pour 2023, malgré un marché en ralentissement, avec un chiffre d’affaires de 86,2 milliards d’euros (+9%) et un bénéfice net de 15,2 milliards d’euros (+8%).
Surtout, rien ne laissait présager que LVMH allait ralentir aussi brutalement. Bernard Arnault avait déjà déclaré en janvier que « tout en restant vigilants dans le contexte actuel, nous abordons l’année 2024 avec confiance « . » Ce sera une année exceptionnelle et inspirante, marquée par notre partenariat avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (…) C’est une nouvelle opportunité pour LVMH de renforcer encore son leadership sur le marché mondial du luxe et de contribuer au rayonnement de la France dans le monde. » il ajouta.
Par ailleurs, au quatrième trimestre 2023, le groupe a enregistré une croissance organique de 10% de son chiffre d’affaires. Et il était encore en hausse de 3% à taux de change et périmètre identiques au premier trimestre 2024.
LVMH reste optimiste
Au final, même le géant du luxe, jusqu’ici épargné par la pluie, se retrouve impacté par la chute de la consommation en Chine. Cela semblait inévitable, sachant que le pays représente 29% des ventes de l’ensemble du groupe de Bernard Arnault.
De plus, si le PDG déclare ce mardi que « Tout en restant vigilant dans le contexte actuel, le groupe aborde le second semestre avec confiance et compte sur l’agilité et le talent de ses équipes pour renforcer encore son avance sur le marché mondial du luxe en 2024. « , les analystes ne sont pas très optimistes pour l’année en cours.
» Le super cycle que le secteur a connu lors de la reprise post-pandémie semble toucher à sa fin et nous nous dirigeons vers une normalisation de l’activité. » expliqué à La galerieEn février, Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux, en charge de la recherche dans le secteur du luxe. Ce dernier table sur une croissance annuelle des ventes de 6% pour le secteur du luxe entre 2023 et 2026 contre 11% entre 2019 et 2023.
(Avec AFP)