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Lvmh : Pourquoi le début d’année de LVMH est bien plus robuste qu’il n’y paraît

(BFM Bourse) – Le numéro un du luxe a subi un ralentissement de sa croissance sur les trois premiers mois de l’année et a publié des revenus inférieurs aux attentes en valeur absolue. Sa division mode et maroquinerie montre cependant des signes de résilience en Chine et aux Etats-Unis. L’action avance sensiblement ce mercredi.

C’est peut-être Deutsche Bank qui résume le mieux la publication de LVMH rendue mardi soir. La banque allemande évoque « un premier trimestre faible en termes absolus mais robuste en termes relatifs ».

Le numéro un mondial du luxe a certes vu sa croissance s’essouffler sensiblement sur les trois premiers mois de l’année. Selon les données publiées, les revenus du groupe propriétaire de Louis Vuitton, Dior et Céline ont même chuté de 2% sur un an et ont été inférieurs aux attentes.

Le chiffre d’affaires s’est élevé à 20,69 milliards d’euros contre des revenus attendus de 21,114 milliards d’euros, selon le consensus cité par la Banque Royale du Canada.

Cependant, cet échec s’explique principalement par des impacts négatifs de change et de périmètre plus forts qu’anticipés par les analystes (4 points de pourcentage pour le change et 1 point pour le périmètre).

La croissance organique, qui exclut les variations de change et de périmètre et constitue donc la mesure la plus « pure » de la croissance, ne déçoit donc pas.

« Ce n’est pas mal du tout »

LVMH a ainsi vu ses ventes progresser de 3% sur un an en données organiques, en ligne avec les attentes du consensus. « Après 17% l’an dernier, ce n’est vraiment pas mal du tout. Nous ne sommes pas mécontents », a déclaré le directeur financier Jean-Jacques Guiony aux agences de presse.

La division mode et maroquinerie, qui représente la moitié des revenus de LVMH, a affiché une croissance de 2%, très légèrement en deçà des attentes, logées à 3% selon Stifel. La banque souligne toutefois que les « buy-sides », c’est-à-dire simplistes pour les investisseurs, s’étaient montrés très prudents avant cette publication et anticipaient un chiffre proche de 2 %.

LVMH connaît, il est vrai, un ralentissement important. Au quatrième trimestre 2023, la croissance du groupe atteint 10% à base comparable, dont 9% pour la mode et la maroquinerie.

Mais cette baisse s’explique en partie par un effet de base sur la Chine qui fausse la comparaison sur un an. Au dernier trimestre 2022, Pékin a mis en place des mesures de restrictions sanitaires qui ont pesé sur la croissance avant de les supprimer puis de rouvrir son économie au premier trimestre 2023, ce qui s’est traduit par une nette reprise de l’activité.

Autrement dit, le dernier trimestre 2023 de LVMH a bénéficié d’une base de comparaison très clémente, effet qui s’est inversé au premier trimestre 2024.

Les Etats-Unis rassurent, la Chine est en réalité dynamique

Par ailleurs, au-delà des chiffres de croissance par division, plusieurs éléments rassurants sont à noter.

LVMH voit ses ventes résister en Europe, avec une hausse de 2% à base comparable, mais surtout aux Etats-Unis. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a également augmenté de 2% dans ce pays. Cela constitue une performance appréciable dans une région où la persistance de l’inflation met la pression sur la clientèle de luxe « ambitieuse », c’est-à-dire des acheteurs plus jeunes orientés vers les produits les moins chers. Deutsche Bank se félicite ainsi de ventes « plus résilientes que craint » aux Etats-Unis.

Jean-Jacques Guiony explique que LVMH constate encore une « polarisation » entre ces acheteurs ambitieux et une clientèle plus aisée. Le joaillier Tiffany est également fortement exposé à ce groupe ambitieux.

Par ailleurs, les ventes en Asie hors Japon ont certes baissé de 6%, ce qui pose question sur la Chine, alors que le Japon a progressé de 32% à base comparable. Mais ces chiffres doivent être nuancés.

Jean-Jacques Guiony a expliqué aux analystes que la croissance chinoise restait solide, malgré un effet de base défavorable. Le « cluster » chinois, c’est-à-dire les ventes des consommateurs chinois en Chine mais aussi à l’étranger (qui sont ainsi comptabilisés dans d’autres régions) ont augmenté de 10% sur le trimestre dans la division mode et maroquinerie, a expliqué le dirigeant aux analystes.

« Le cluster chinois a sauvé la mise avec une croissance rassurante de 10% au premier trimestre, portée par une très forte croissance des achats à l’étranger, qui a dopé les ventes, notamment au Japon », explique Stifel. La faiblesse du yen pourrait avoir encouragé les touristes chinois à dépenser leur argent au Japon.

Une seconde période prometteuse

Au final, la publication contient suffisamment de points positifs pour permettre au titre LVMH de progresser ce mercredi. Le titre montait de 3,9% vers 11h15, de loin la plus forte hausse du CAC 40.

« Compte tenu de la faiblesse des publications de Kering (qui avait publié un avertissement sur ses revenus, ndlr) et Burberry, nous pensons que ces chiffres (de LVMH, ndlr) rassurent sur la diversification du secteur, les consommateurs se tournant à nouveau vers plus marques haut de gamme », conclut Deutsche Bank.

De quoi renforcer la confiance des investisseurs, alors que LVMH devrait surtout retrouver de l’élan sur la seconde partie de l’année.

« Les perspectives d’une réaccélération progressive de la croissance dans le secteur de la mode et de la maroquinerie, alors que la base de comparaison s’assouplit au second semestre 2024, pourraient améliorer le sentiment des investisseurs », souligne Stifel.

Dans cette logique, Oddo BHF anticipe cette année une hausse de la croissance dans la « mode et maroquinerie » : 4% au deuxième trimestre, 8% au troisième et 10% au quatrième.

« Nous continuons de croire que l’accélération du chiffre d’affaires au second semestre 2024 est la clé de voûte (en Bourse, ndlr) pour LVMH et l’ensemble du secteur du luxe. A ce stade, il est encore trop tôt pour dire si cette trajectoire est réaliste ou non, compte tenu des risques géopolitiques persistants et des élections présidentielles américaines. Toutefois, les Jeux Olympiques de Paris (dont LVMH est sponsor de premier rang) pourraient apporter un coup d’accélérateur utile. Côté Banque Royale du Canada.

Interrogé sur l’impact des Jeux olympiques de 2024 lors de la conférence avec les analystes, Jean-Jacques Guiony l’a relativisé. En se basant sur les Jeux précédents (Pékin, Londres), le manager a expliqué que ces événements ont eu un impact globalement neutre pour le groupe.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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