Lutte entre Pamiers et Toulouse dans le rugby amateur : « Mon nom est partout, c’est scandaleux ! » Un joueur accusé d’avoir frappé un arbitre témoigne

Depuis la fin de match chaotique entre le SC Appaméen et le TOEC TOAC FCT dimanche, Olivier Bertro, l’arrière du club ariégeois, est un homme meurtri. Alors que les réseaux sociaux se sont enflammés, le joueur ariégeois veut remettre les choses au clair. Et il ne mâche pas ses mots, déterminé à défendre son honneur.
Dans quel état d’esprit êtes-vous au lendemain des incidents qui ont conduit à l’arrêt du match Pamiers-TOEC TOAC FCT ?
J’ai le même sentiment qu’au moment des faits. C’est un vrai scandale. Je suis au sol, et dès que je me relève, l’arbitre est totalement contre moi. Il me prend avec son bras, me pousse. Je lui dis « lâche-moi, tu es un arbitre ». Une fois, je lui ai enlevé le bras. Il revient à la charge, je retire son bras. Il me demande de reculer, je recule. Je m’avance, il s’avance et quand nous sommes collés, il pose exprès son visage contre ma tête. Il se jette ensuite en arrière en disant que je lui ai donné un coup de poing au visage. Je suis sûr qu’il n’a rien. C’est clair, ça va être démontré. Il l’a fait exprès. Il a vu qu’il m’avait attaqué et, pour s’en sortir, il s’est collé contre moi et s’est jeté en arrière. Je n’ai jamais donné de coups de tête. J’ai été tué, je n’avais plus de souffle, il m’attaque et, maintenant, il dit que c’est moi qui l’ai attaqué. Je suis toujours très en colère.
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Vous ne voulez pas passer pour le vilain petit canard.
Je passerai pour le vilain petit canard s’il le faut mais, là, ce n’est pas le cas. Cela m’énerve vraiment. Si j’avais vraiment voulu le frapper, je lui aurais donné un coup de tête et j’aurais arrêté le rugby. Là, ce n’est pas le cas. Je ferai tout pour que toutes les preuves montrent que c’est cette personne qui m’a agressé et non moi. C’est net et clair. Si je l’avais fait, je l’aurais pris jusqu’au bout. Sauf que je ne l’ai pas fait, et ça me rend encore plus fou. Je n’ai pas dormi de la nuit, je suis énervé. Au boulot, je ne pense qu’à ça, tout le monde m’appelle. Mon nom est partout, c’est scandaleux que je ne l’ai pas tapé. Quand il a vu qu’il était en contact, il s’est jeté. Cela se voit dans la vidéo. Quand tu fais un caprice, tu ne fais pas ce qu’il a fait.
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Pensez-vous que la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux vous donne raison ?
Je l’ai dit à la fin du match, j’espérais qu’il avait été filmé. Si ça ne l’avait pas été, c’était sa parole contre la mienne et je sais qu’un arbitre aura la parole la plus sensée par rapport à un joueur, malheureusement. Cette vidéo me donne raison. Je ne peux que me sauver ainsi. On voit très bien qu’il est collé contre moi, qu’il n’y a que des joueurs de mon équipe autour de moi. J’en ai marre de ce qui s’est passé juste avant. C’est lui qui vient m’attaquer une fois, deux fois et la troisième fois il se rejette en arrière. Juste avant, il y avait eu une altercation avec un autre joueur et il avait dit à l’arbitre : « Le n°15 a commencé ». Je suis allé le voir et j’ai vu qu’il n’aimait pas ça, il m’a regardé et m’a dit : « Attends-le. » Il m’a enseigné. Trois minutes plus tard, il y a une bagarre et je le retrouve. Je pensais que c’était l’entraîneur adverse qui m’avait relevé et qui venait m’attaquer. Quand j’ai reconnu le visage de l’arbitre je me suis dit « Ce n’est pas possible ». Je vais montrer les marques que j’ai et prouver que c’est lui qui m’a agressé. Il n’y a pas eu de coup de tête. Moi, j’ai des marques, il n’en aura pas.
Quelle sera la prochaine ?
Je vais faire les choses de mon côté, lui du sien. Nous verrons ce qui se passera. Si je l’avais fait, j’aurais abandonné, j’aurais fait le Bonhomme. Là, je veux absolument que les gens sachent ce qui s’est passé. Je pense que j’ai mon visage plus bas que le sien. Et quand je me lève, je sens mes cheveux toucher son menton. Quand il sent cela, il se rejette en arrière. J’ai ce sentiment.
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Cette affaire prend des proportions disproportionnées.
Complètement. Pour moi, toucher un arbitre est hors de question. Il m’est arrivé de discuter avec un arbitre pendant un match mais je n’ai jamais attaqué un arbitre. La personne censée nous protéger est celle qui vient m’attaquer. Pour moi, c’est le pire sentiment d’injustice que j’ai jamais connu. Je suis éducatrice d’enfants qui ont des problèmes et pour qui l’injustice est inadmissible. Depuis des années, j’essaie de leur apprendre à gérer ça, de leur dire qu’il y a toujours des gens qui vont les protéger. Et là, quand j’ai ce reflet dans le miroir, vraiment, je n’ai pas compris. Quand je l’ai vu tomber, j’ai pensé : « C’est fini. Dix secondes avant, quand il me tient par le cou et me pousse, si je tombe par terre, tout le monde se moque de moi et personne n’en parle. Sauf que je reste debout, que je viens vers lui, lui vers moi et qu’il tombe. Et nous en faisons beaucoup.
Vous vous battrez jusqu’au bout pour défendre votre dignité.
Pour l’instant, dans ma tête, je sais que ça va être très compliqué pour moi de retourner sur un terrain. Je sais que les arbitres auront un mot qui portera plus que le mien. Eh bien, je n’y crois pas vraiment. Mais je veux que tout soit clair. Je ne veux pas que cette personne continue à arbitrer sur le terrain. Soit il y aura des problèmes quand il sera là, soit c’est lui qui créera les problèmes. Et c’est inacceptable. Je veux qu’il comprenne qu’il a merdé. Je ne vais pas me laisser aller. J’ai toujours supposé ce que j’avais fait. Là, je n’ai rien fait. Je suis plus frustré par ça que les autres. Je suis accablé. Heureusement, il y a des photos qui montrent qu’il s’est foutu de moi. Je vais faire les choses correctement, dans les règles et prouver aux jeunes avec qui je suis chaque jour qu’il y a de la justice dans la vie. Et que se faire justice soi-même ne marche pas.