l’usine Sanifirst ferme son site français et réduit de moitié les salaires
Le groupe Presto, leader français de la robinetterie spécialisée, a décidé de fermer son site de production Sanifirst à Gond-Pontouvre en Charente, pour le délocaliser au Portugal. Presto invoque la nécessaire fermeture de l’entreprise pour préserver sa compétitivité. Et propose aux neuf salariés charentais d’aller travailler au Portugal, dans des conditions qu’ils jugent inacceptables.
« Je gagne environ 1 600 euros net par mois, et l’offre qui m’a été faite est de 830 euros brut. Cela ne couvre pas les crédits dont je dispose actuellement » témoigne Hamid Fodil, opérateur à la société Sanifirst à Gond-Pontouvre, au nord d’Angoulême.
Il n’est pas le seul à être stupéfait en découvrant la proposition de son employeur. « Je gagne 1600 euros net par mois, puis on m’a proposé 900 euros brut pour aller travailler au Portugal« , ajoute son collègue Bruno Dauvergne, commerçant sur le site. « Je suis à un an de la retraite. Je partirai l’année prochaine pour une longue carrière, mais seulement si je reste en France », il ajoute.
Si je pars au Portugal, je ne pourrai pas percevoir ma pension puisque je n’aurais pas fini de travailler et de cotiser en France.
Bruno DauvergneMagasinier chez Sanifirst
Pour les neuf salariés qui travaillent encore chez Sanifirst, les propositions qui leur sont faites par la direction sont inacceptables. L’entreprise, qui se targue de « la robinetterie française la plus écologique et économique » sur la page d’accueil de son site internet, a annoncé sa décision de fermer le site charentais en janvier 2025, pour transférer la production à Maia au Portugal.
Leader français dans son domaine, le groupe Presto, entreprise familiale fondée en 1927, fabrique et commercialise des robinetteries pour collectivités à Saint-Georges-de-Didonne en Charente-Maritime sous la marque Presto, et des robinetteries pour établissements de santé sur le site charentais. de Gond-Pontouvre sous la marque Sanifirst. Depuis 2017, le groupe a ouvert un troisième site de production au Portugal, où il a commencé à délocaliser son activité.
Presto s’appuie sur l’évolution du droit travail de 2018, qui autorise «une perte ou une transformation d’emploi« en raison de »baisse importante des commandes ou du chiffre d’affaires » pour justifier sa décision de fermer le site Sanifirst.
Un argument contesté par les représentants syndicaux de Sanifirst, qui présentent au contraire un bilan financier de l’entreprise faisant apparaître un chiffre d’affaires. qui aurait presque doublé en dix ans.
« En 2014, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 2,6 millions d’euros avec 32 salariés. Et nous avons un chiffre d’affaires qui s’est élevé en 2023 à 4,3 millions, avec une quinzaine de salariés. » note Victor Costa, chef d’atelier Sanifirst et représentant CFE-CGC.
Les 9 salariés de Sanifirst se disent également inquiets pour l’avenir du deuxième site de production de Saint-Georges-de-Didone.
Le groupe Presto, dont le siège est situé en Île-de-France, n’a pas répondu à nos sollicitations. La direction prévoit de se déplacer à Angoulême ce lundi 30 septembre pour faire de nouvelles propositions à ses salariés.