L'Unédic face au cas des salariés frontaliers, une facture de 800 millions d'euros
Les nouvelles les plus importantes de la journée

L’Unédic face au cas des salariés frontaliers, une facture de 800 millions d’euros

L’Unédic face au cas des salariés frontaliers, une facture de 800 millions d’euros

Publié


Mis à jour


Temps de lecture : 3min – vidéo : 6min

Unédic Frontières
Unédic transfrontalier
(L’oeil de 20h)

Chaque jour, des milliers de Français partent travailler en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, à la recherche de très bons salaires. Un eldorado qui coûte cher à l’assurance chômage. Quand les frontaliers perdent leur emploi, c’est l’Unédic qui passe à la caisse. Des chômeurs de luxe entretenus depuis des années, sans que la France ait son mot à dire.

Depuis 15 ans, Béatrice Falletti, maman, traverse chaque matin la frontière pour un poste de coordinatrice export à Genève. L’avantage de travailler en Suisse, dit-elle, c’est le salaire. En Suisse, elle gagne six mille euros par mois. C’est trois fois plus qu’en France. Lorsqu’elle s’est retrouvée au chômage il y a deux ans, ses allocations étaient calculées sur la base de son salaire suisse.

J’avais 3 500 euros de chômage, alors que si j’avais travaillé en France j’aurais à peine eu 2 000 euros de salaire. Cela n’incite pas à travailler en France.

Béatrice Falletti, transfrontalière

à l’Œil de 20H

La France paie ce chômage élevé. Il y a 24 ans, pour promouvoir la libre circulation des travailleurs, les États européens ont signé un règlement selon lequel un salarié, lorsqu’il trouve un emploi de l’autre côté de la frontière, cotise dans le pays où il travaille. Mais lorsqu’il est licencié, c’est le pays de résidence qui l’indemnise. En compensation, la France ne récupère qu’une très faible partie des cotisations.

Julien, 48 ans, est en fin de droits et cherche du travail depuis près de deux ans. Responsable marketing à Genève, il gagnait l’équivalent de 15 000 euros brut par mois. Il a doublé son salaire. « Nous ne sommes pas habitués à ce genre de somme, dit-il. « C’est déconcertant au début. »

Lorsque son entreprise l’a licencié, son chômage s’élevait à 6.795 par mois aux frais de la France alors qu’il cotisait en Suisse. Nous avons fait les calculs : dans 2 ans, l’Unédic lui aura versé 100 000 euros d’indemnisation, alors que la Suisse n’aura remboursé que 18 000 euros des cotisations versées par Julien.

La Suisse gagne. Il serait cependant logique que ce soit la Suisse, pays où je cotise, qui finance mon chômage.

Travailleur frontalier au chômage

à l’Œil de 20H

L’Unédic publie des chiffres choquants : les 77 000 frontaliers au chômage coûtent chaque année à la France 800 millions d’euros.

800 millions, c’est énorme et cela arrive chaque année. Au total, il nous en manque aujourd’hui 9 milliards. C’est colossal et pourquoi ne s’en occupe-t-on pas ?

Jean-Eudes Tesson, directeur de l’Unédic

à l’Œil de 20H

Depuis 2016, pour rééquilibrer les comptes, la France tente de modifier la fameuse réglementation européenne. Un accord provisoire a même été conclu en 2019 pour que le chômage des frontaliers soit payé par le pays d’emploi et non par le pays où ils résident. Le texte n’a jamais pu être adopté en raison de l’opposition de certains pays. C’est ce que confirme un diplomate français à Bruxelles.

Le blocus est actuellement mené par 3 États membres, la Belgique, les Pays-Bas et surtout le Luxembourg, dont 50 % de la main d’œuvre vient d’autres pays européens. Pour eux, ce sont des enjeux financiers colossaux.

Un diplomate français à Bruxelles

à l’Œil de 20H

Alors quelle marge de manœuvre pour la France alors que les négociations européennes sont au point mort ? Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi, a une solution : obliger les frontaliers à reprendre le travail au plus vite.

Après deux refus d’offres d’emploi raisonnables, vous pouvez être radié de France Travail. Désormais on prendra comme salaire de référence, non plus celui du pays où travaillaient les frontaliers mais celui de la France

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi

à l’Œil de 20H

Alors que s’ouvrent les négociations sur l’assurance chômage, le ministre du Travail et de l’Emploi demande 400 millions d’économies supplémentaires aux partenaires sociaux. En comparaison, cela représente la moitié de ce que le chômage coûte chaque année aux travailleurs frontaliers.

PARMI NOS SOURCES :

https://www.unedic.org/publications/l-Indemnification-des-frontaliers-par-l-assurance-chomage-october-2024

https://www.frontalier.org/licencement.htm

Quitter la version mobile