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l’un des derniers constructeurs français met la clé sous la porte

l’un des derniers constructeurs français met la clé sous la porte

Ils y avaient cru en décembre 2023, lorsque le fonds de redressement allemand Mutares a racheté Logiplast et TeamTex à la famille Nania, la famille fondatrice il y a près de 30 ans de ces deux entreprises industrielles iséroises, spécialisées dans la fabrication de sièges auto pour enfants commercialisés. marque propre (Nania, Team Tex, Migo, Safety Baby etc.) et sous-traitance.

TeamTex revendiquait récemment 60 % de part de marché en France et une moyenne de 12 000 sièges fabriqués chaque jour dans son usine iséroise.

Mais moins d’un an après le rachat par Mutares, les 160 salariés ne peuvent que constater que leurs espoirs de redressement sont définitivement enterrés. Le tribunal de commerce de Grenoble a acté ce mercredi 23 octobre la liquidation judiciaire des deux structures.

En 2022, ils ont réalisé un chiffre d’affaires de 96 millions d’euros, avec un résultat net de -31 millions d’euros. Les dégâts se seraient encore accélérés en 2023. Toutefois, les détails ne sont pas communiqués par Mutares, dont la transparence sur ce dossier est pointée du doigt par les organisations syndicales de l’entreprise iséroise. La direction a d’ailleurs répondu au moins aux questions des La Tribune.

D’importantes difficultés financières depuis plusieurs années

Logiplast et Team Tex ont finalement été placées en redressement judiciaire le 1er août. Selon nos informations, deux repreneurs avaient manifesté leur intérêt : Norwind (pour un rachat d’une trentaine de salariés) ainsi que le groupe lyonnais ACI, mais aucun n’est finalement allé jusqu’à déposer une offre. Ce dernier affirme avoir préféré reculer en raison des liens de l’entreprise française avec ses filiales à l’étranger. Ces filiales ne seraient pas concernées pour l’instant par la liquidation des entités françaises.

En l’absence de repreneurs, la fin de Team Tex et Logiplast ne faisait donc aucun doute, avant même le délibéré du Tribunal de Commerce communiqué hier aux salariés par les administrateurs judiciaires.

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Dans un communiqué concis, Mutares explique avoir réalisé un plan de redressement qui a notamment abouti à la « simplification du portefeuille produits, réorganisation de l’équipe commerciale du groupe dans le but d’intensifier la recherche de nouveaux clients, renforcement de la présence e-commerce de Team Tex dans certains pays où l’entreprise était peu active et renégociation des coûts d’achats matériels ». Cinq millions d’euros auraient été investis pour soutenir TeamTex, une entreprise qui connaissait depuis plusieurs années « d’immenses difficultés ».

« Des mesures de transformation significatives ont été prises pour faire face à une situation financière délicate et au durcissement des conditions de marché, dont le précédent actionnaire majoritaire avait largement sous-estimé les conséquences, notamment le changement des normes », précise Mutares.

Les salariés en colère contre Mutares

Du côté des salariés, le contenu du message est très différent. « Nous savions que l’entreprise allait mal avec l’ancien actionnaire. Mutares est arrivé nous promettant des merveilles et six mois plus tard, cet été, on nous annonçait le redressement judiciaire et presque aussitôt la liquidation. Comment cela peut-il arriver si rapidement ? Depuis l’arrivée de Mutares, nous perdons chaque jour des centaines de sièges (près de 800). On a l’impression qu’ils nous ont acheté pour nous liquider. Et puis, il n’y a pas de communication, tout est caché, » précise ce représentant du personnel, qui compte 26 ans d’ancienneté.

Les négociations sur les indemnités de départ seraient également au point mort ; pour l’instant, seuls les minima légaux sont proposés aux salariés isérois. Pour les salariés, pas question de s’arrêter en si bon chemin. Des manifestations sont prévues dans les prochains jours. Ils ont désigné un avocat pour défendre leurs droits, François Dumoulin. Interrogé par France 3, il a déclaré hier à nos confrères :

« Mutares prend le contrôle, et six mois plus tard, il dépose le bilan avec une baisse de chiffre d’affaires de 40 % alors que le marché des sièges auto connaît un taux de croissance annuel de 5,7 %. Comment, dans un marché avec une telle croissance, peut-on avoir une entreprise leader du secteur connaissant une telle baisse de chiffre d’affaires ? C’est l’énigme que nous essayons de résoudre, et Mutares ne nous a pas tout dit. »

TeamTex fut l’un des derniers fabricants français de sièges auto. Avec son voisin Renolux, également isérois, l’entreprise faisait son entrée sur le marché français avec plusieurs marques : les allemands Recaro (également en grande difficulté) et Britax-Römer, Dorel France et Graco.

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