Lula limoge le patron du géant pétrolier Petrobras
Le gouvernement du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, a limogé mardi 14 mai le PDG du géant pétrolier public Petrobras, Jean Paul Prates, après une polémique concernant la distribution de dividendes aux actionnaires. « Prates a été viré »a déclaré un porte-parole présidentiel à l’Agence France-Presse (AFP).
Le gouvernement proposera au conseil d’administration de le remplacer par Magda Chambriard, ancienne directrice générale de l’Agence nationale du pétrole, qui régule l’industrie pétrolière au Brésil, précise la même source. De son côté, Petrobras a annoncé dans un communiqué que M. Prates avait demandé une réunion du conseil d’administration pour examiner « la fin anticipée de son mandat (…) de manière négociée » et présente sa démission.
Le licenciement de M. Prates a eu lieu après la fermeture des marchés brésiliens. Mais à New York, les ADR de Petrobras ont chuté de 8 % après l’annonce. Les ADR (American Depositary Receipt) sont des certificats négociables émis par une banque américaine qui représentent une action d’une société étrangère, et se négocient sur les marchés boursiers aux Etats-Unis comme n’importe quelle action d’une société américaine.
Ingérence du gouvernement dans les affaires de l’entreprise
Jean Paul Prates, 55 ans, est un ancien sénateur du Parti des travailleurs, le parti de gauche de Lula. Il a été nommé à la tête de Petrobras peu après l’arrivée au pouvoir du nouveau président en janvier 2023. Ses difficultés ont commencé le 7 mars, lorsque le conseil d’administration de Petrobras a décidé de ne pas verser de dividende extraordinaire à ses actionnaires. pour l’exercice 2023, au cours duquel le fleuron pétrolier avait réalisé le deuxième bénéfice le plus important de son histoire.
Le cours des actions Petrobras s’est effondré en bourse, les analystes considérant ce manque de dividendes comme le résultat de l’ingérence du gouvernement dans les affaires de l’entreprise. Une possibilité qui inquiète les marchés depuis l’arrivée au pouvoir de Lula, qui a accusé à plusieurs reprises les dirigeants de Petrobras de ne penser qu’à satisfaire les actionnaires du groupe, au détriment des consommateurs.
M. Prates lui-même avait déclaré qu’il était » légitime « que le conseil d’administration de Petrobras soit « dirigé par le président de la République ». Un peu plus de la moitié du capital de Petrobras est détenue par l’État brésilien, le reste appartenant à des actionnaires privés.
Enfin, le 25 avril, les actionnaires de Petrobras ont approuvé le versement de 22 milliards de reais (4 milliards d’euros) de dividendes extraordinaires pour 2023, et le placement de 22 milliards supplémentaires dans un fonds destiné à garantir le paiement des dividendes dans le futur.
Valse des présidents
Même si les actionnaires étaient partiellement satisfaits, M. Prates restait dans une position instable. Selon les médias brésiliens, il y avait de fortes tensions entre lui et le ministre de l’Énergie, Alexandre Silveira.
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Après son retour au pouvoir, Lula a mis un terme au processus de privatisation de Petrobras lancé par son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), au cours duquel le groupe avait connu de graves turbulences : quatre présidents se sont succédé à la tête de l’entreprise, en raison de violents désaccords sur la politique tarifaire de Petrobras.
En 68 ans d’existence, Petrobras a connu une valse de présidents : 39 précisément − Mmoi Chambriard sera le 40e − d’une longévité moyenne inférieure à deux ans.