Le Parlement ukrainien a approuvé jeudi la nomination d’Andriy Sybiga comme nouveau ministre des Affaires étrangères du pays, en remplacement de l’emblématique Dmytro Kuleba, dans le cadre d’un remaniement gouvernemental majeur.
Dmytro Kuleba, dont la démission avait été ratifiée plus tôt, avait appelé à plusieurs reprises les alliés occidentaux de Kiev à fournir à son pays des armes, à tel point qu’il était devenu l’une des principales voix de l’Ukraine depuis l’invasion russe de février 2022.
« Première nomination : Andriy Sybiga au poste de ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine »» a déclaré le député Yaroslav Jelezniak dans un message sur Telegram.
Au total, 258 élus ont voté pour la nomination du numéro deux du ministère, alors qu’un minimum de 226 était requis, ont indiqué plusieurs parlementaires sur Telegram.
Moins médiatisé et moins connu que Dymtro Kouleba, Andriï Sybiga, 49 ans, qui fut notamment ambassadeur en Turquie de 2016 à 2021, est considéré comme un poids lourd de la diplomatie ukrainienne.
Il est considéré comme plus fidèle au chef de l’administration présidentielle, Andriy Yermak.
En présentant la candidature d’Andriy Sybiga aux députés de son parti, le président Volodymyr Zelensky « le décrivait comme un spécialiste des relations internationales, qui était avec lui dans le bunker en 2022 (au début de l’invasion russe, ndlr) et avait alors géré sa communication internationale »a indiqué à l’AFP une source au sein du parti présidentiel.
« Nouvelle énergie »
Dmytro Kuleba était l’une des personnalités ukrainiennes les plus importantes depuis le début de la guerre avec la Russie.
Il s’était illustré en luttant pour accroître le soutien occidental à l’Ukraine et en tentant de convaincre les pays courtisés par Moscou, en Afrique et en Asie notamment, de soutenir Kiev.
Au total, 240 députés ont voté pour valider sa démission sur un minimum de 226 voix requises.
Selon les députés, Dmytro Kuleba n’était pas présent au parlement lors de ce vote.
L’homme de 43 ans, qui occupe ce poste depuis quatre ans, a démissionné mercredi.
Selon des sources interrogées par l’AFP dans les milieux politiques, son départ n’était pas volontaire et a été dicté par la présidence, qui cherche ainsi à consolider son contrôle sur ce ministère clé.
Aucune raison officielle n’a été donnée pour le limogeage de Dmytro Kuleba.
Interrogé sur le remaniement ministériel, le président Zelensky s’est limité à dire que l’Ukraine avait « besoin d’une nouvelle énergie » après deux ans et demi de guerre avec la Russie.
Mais une source au sein du parti présidentiel accuse Dmytro Kuleba d’avoir perdu son efficacité. « Cela fait un an qu’on se plaint de lui »a expliqué cette source à l’AFP.
« Il a donné des interviews, parlé avec éloquence, fait de nombreuses visites (…). Il était occupé à faire sa propre promotion, au lieu d’améliorer le travail des ambassades, de travailler systématiquement sur les pays et d’obtenir leur soutien. »elle a ajouté.
« Et depuis six mois, il n’accomplissait plus aucune des tâches qui lui étaient confiées, il se contentait de tweeter et de commenter. »cette source a en outre confirmé.
Reconnaissance internationale
De plus, les déclarations de Dmytro Kuleba sur les différences historiques entre Kiev et Varsovie en août ont provoqué une vague de commentaires négatifs à travers la Pologne, un nouvel épisode de tensions avec cet allié clé de l’Ukraine face à la Russie.
Cinq autres membres du gouvernement, ministres et vice-Premier ministre, ainsi que le directeur du Fonds des biens de l’Etat, chargé des privatisations, ont également présenté leur démission au Parlement. Des élections pour leur remplacement devraient avoir lieu peu après.
Dmytro Kuleba pourrait se voir offrir un poste de direction dans lequel il serait responsable de l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, un objectif majeur de Kiev.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken l’a appelé mercredi pour lui dire « sa grande reconnaissance et son amitié »Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a déclaré.
« Il y a peu de personnes avec qui j’ai travaillé aussi étroitement qu’avec vous. »lui a écrit mercredi la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, rappelant leur « de longues conversations dans les trains de nuit, au G7, sur la ligne de front, à Bruxelles, devant une centrale bombardée ».
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