l’UER « regrette » que certaines délégations n’aient pas « respecté l’esprit du règlement » du concours
Après une édition particulièrement controversée, les organisateurs de l’Eurovision évoquent les nombreuses tensions qui ont émaillé la compétition en coulisses.
Deux jours après la victoire de la Suisse à l’Eurovision 2024, à Malmö en Suède, les organisateurs reviennent sur cette édition controversée. Dans un communiqué publié lundi 13 mai et relayé par la BBC, l’Union européenne de radiodiffusion (UER) « regrette » que certaines délégations n’aient pas « respecté l’esprit des règles ».
« Nous avons discuté avec un certain nombre de délégations au cours de l’événement, concernant diverses questions qui nous ont été signalées », a indiqué l’organisation.
Avant de poursuivre : « Les branches dirigeantes de l’UER, en partenariat avec les chefs de délégation, se pencheront sur les événements entourant le Concours Eurovision de la Chanson à Malmö afin d’avancer positivement et de garantir que les valeurs de l’événement soient respectées par tout », peut-on lire.
L’UER ajoute que chacun des cas sera discuté ultérieurement. Mais elle ne précise pas à quels artistes ni à quels incidents elle fait référence. Pourtant, la 68e édition de l’Eurovision a été particulièrement mouvementée.
Succession de controverses
La participation d’Israël, en pleine guerre de l’Etat hébreu contre le Hamas, a fait l’objet de nombreux appels au boycott ces derniers mois. Elle a également donné lieu à d’importantes manifestations pro-palestiniennes dans la ville de Malmö en marge de la compétition, où un important dispositif de sécurité avait été mis en place justement pour éviter tout affrontement.
Eden Golan, la candidate israélienne, a été encerclée par d’importantes forces de police tout au long de la compétition, ne quittant sa chambre d’hôtel que pour les répétitions et les représentations officielles. Par ailleurs, le soir de la finale, l’interprète de Ouragan a été huée lors de son apparition sur scène.
Bambie Thug, la candidate irlandaise ouvertement pro-palestinienne, a accusé la chaîne israélienne à la fin du concours d’avoir « incité à la violence » à son encontre, sans donner plus de détails :
« Nous en avons parlé à l’UER et ils ont attendu jusqu’à la dernière minute », a-t-elle déclaré aux médias après la compétition, comme le montre une vidéo de The Independent.
« Ils ne nous ont toujours rien communiqué. Ils nous ont laissé devenir des boucs émissaires (…). La chaîne (israélienne) n’a pas respecté les règles et j’espère que l’année prochaine, ils ne seront pas autorisés à participer pour cette raison. C’était si dur, si horrible pour nous (…) J’emmerde l’UER. »
D’autres images semblent montrer que certains candidats se sont montrés particulièrement durs avec Eden Golan. A commencer par Bambie Thug qui, au micro de Sky News, lui a lancé une fouille à peine déguisée. Arrivée sixième du classement final, juste derrière la représentante d’Israël, l’Irlandaise a déclaré :
« Le Top 6, à une personne près, est entièrement composé de combattants de la liberté. »
Les tensions ont commencé lors de la première demi-finale, le 7 mai. Toujours selon la BBC, un commentateur de Kan, la chaîne publique israélienne, avait déclaré à l’époque que Bambie Thug avait « parlé du mal d’Israël », ajoutant « préparez-vous à vos mauvais sorts ». « . Une référence probable à l’esthétique ésotérique du chanteur irlandais, pour laquelle ce dernier n’aurait que peu de goût.
Le jeudi de la deuxième demi-finale, lors d’une conférence de presse collégiale, la candidate grecque Marina Satti a fait semblant de bâiller et de s’endormir tandis qu’Eden Golan répondait aux questions.
Joost Klein, le candidat néerlandais, s’est également fait remarquer lors de la même conférence de presse en exprimant son désaccord à l’idée d’être placé aux côtés d’Eden Golan. Il s’était notamment couvert ostensiblement le visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.
Altercation dans les coulisses
Joost Klein est en effet au cœur d’une polémique parallèle en raison de son élimination de la compétition à la dernière minute pour des raisons floues. L’UER a annoncé son exclusion le 11 mai, quelques heures avant la grande finale :
« La police suédoise a enquêté sur une plainte déposée par une femme membre de l’équipe de production à la suite d’un incident survenu survenu lors de sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir », a indiqué l’organisation.
Tout en précisant que l’incident à l’origine de son exclusion « n’impliquait aucun autre artiste ou membre de la délégation ».
Avrotros, la chaîne néerlandaise de l’Eurovision, a réagi en expliquant que Joost Klein était devenu en colère après avoir été filmé, même s’il avait demandé « à plusieurs reprises » de ne pas être filmé. Le fait que sa demande n’ait pas été « respectée » a provoqué « un mouvement menaçant » de l’artiste vers la caméra. Avrotros précise que « Joost n’a pas touché la caméraman ». La police suédoise a ouvert une enquête pour « intimidation » et, selon le Guardian, il est probable que le chanteur de 26 ans fasse l’objet de poursuites.
Nemo, artiste non binaire qui a remporté le concours pour la Suisse avec sa chanson Le codea déclaré pour sa part que l’expérience avait été « très intense », et que « l’Eurovision avait peut-être besoin de quelques ajustements ».
Slimane, qui a défendu la France avec sa chanson Mon amour, a délivré un message de paix lors de sa dernière répétition, en lançant, en référence au slogan de l’Eurovision de cette année : « unis par la musique » : « Nous avons besoin d’être unis par la musique, oui. , mais dans l’amour et la paix. »