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« L’UE dispose de mécanismes institutionnels capables d’absorber un choc majeur. Pour la France, ce sera plus difficile »

« L’UE dispose de mécanismes institutionnels capables d’absorber un choc majeur. Pour la France, ce sera plus difficile »

Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité entre 2014 et 2019, Federica Mogherini a rejoint le Collège d’Europe en tant que Recteur en 2020. Au sein du plus ancien institut postuniversitaire d’études européennes, l’ancienne ministre italienne des Affaires étrangères est en contact quotidien avec les futurs cadres de l’Union européenne (UE), qui rejoindront la fonction publique dans une Europe marquée par la montée de l’extrême droite.

Pourquoi avez-vous rejoint le Collège d’Europe en 2020 ?

Participer à la formation des générations qui contribueront à l’intégration européenne. Je vois ce poste comme une continuité de mon travail précédent, lorsque j’ai dirigé la diplomatie européenne en tant que Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, entre 2014 et 2019. Avant, je touchais un public très large, mais de manière indirecte. Aujourd’hui, je suis en contact direct avec des centaines de jeunes qui travailleront pour les institutions européennes, ou qui croient simplement à l’idéal de la construction européenne. Ils sont obsédés par l’Europe, mais ce ne sont pas des eurobeats. Ils peuvent être très critiques à l’égard des processus de décision ou de certaines politiques. Lorsque nous avons reçu le président de Malte, la première question posée par les étudiants concernait l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia. L’année dernière, nous avons reçu un commissaire européen, un étudiant a posé une question tellement technique que le commissaire ne l’a pas comprise ! Pour les jeunes du collège, l’Europe n’est pas un projet visionnaire, mais une réalité opérationnelle.

L’actualité européenne a-t-elle des conséquences sur le Collège d’Europe ?

Le collège suit le rythme de l’UE. En 1992, la création d’un nouveau campus du Collège d’Europe en Pologne prépare l’élargissement de l’UE à l’Est. Les générations qui ont œuvré au cinquième élargissement de l’UE ont été formées à Natolin, sur le campus inauguré par Jacques Delors. À la rentrée 2024, nous inaugurerons un campus à Tirana, en Albanie, dans le même esprit : préparer l’adhésion des Balkans occidentaux à l’UE. L’ouverture de ce campus est un symbole très fort.

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A l’inverse, le Collège d’Europe a su marquer de son empreinte la chronologie de l’UE. C’est une tradition d’inviter des dirigeants politiques du continent. Bruges est ainsi devenue une tribune pour les dirigeants européens, avec des discours qui ont parfois marqué l’histoire. Comme celui de Margaret Thatcher en 1988, défendant sa vision souverainiste de l’Europe. Plus récemment, en 2022, Ursula von der Leyen a profité de l’arène de Bruges pour appeler l’UE à réagir aux distorsions de concurrence provoquées par le plan d’investissement américain, l’Inflation Reduction Act.

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