Le projet de loi, proposé en 2022, a suscité la controverse car il pourrait forcer les applications de messagerie à analyser toutes les images et tous les liens pour trouver et signaler du matériel pédopornographique et des conversations entre délinquants potentiels et mineurs, ce que l’on appelle le toilettage. Les groupes de protection de la vie privée ont crié au scandale à propos de la loi, affirmant qu’elle brise effectivement la messagerie cryptée de bout en bout.
La vice-présidente de la Commission européenne, Věra Jourová, a déclaré jeudi que la proposition initiale de la Commission signifiait « que même les messages cryptés peuvent être déchiffrés pour une meilleure protection des enfants ».
La présidence belge du Conseil s’efforce depuis six mois de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les pays de l’UE afin de faire avancer les négociations visant à finaliser la loi.
Certains poids lourds de l’UE, comme l’Allemagne et la Pologne, ont soutenu les avertissements des experts en matière de protection de la vie privée selon lesquels cela menaçait la vie privée. D’autres, comme l’Irlande et l’Espagne, ont insisté sur la nécessité d’une loi stricte pour surveiller le contenu en ligne dans un contexte d’augmentation du matériel pédopornographique depuis la pandémie.
Selon le plan belge, obtenu plus tôt par POLITICO, les applications de messagerie scanneraient les images et les liens lorsque les utilisateurs les téléchargent via leurs services, et les utilisateurs en seraient informés selon les termes et conditions. Les utilisateurs qui refuseraient le régime ne pourraient plus envoyer de photos ni de liens.
Les applications hautement sécurisées utilisant un cryptage de bout en bout comme WhatsApp, Signal et Messenger devraient également respecter de telles mesures. Le projet de proposition exemptait toutefois « les comptes utilisés par l’État à des fins de sécurité nationale ».
Une fois que les pays de l’UE se seront mis d’accord sur une position commune, ils devront encore négocier la version finale de la loi avec le Parlement européen et la Commission européenne. Le Parlement a adopté une position plus respectueuse de la vie privée dans sa propre version de la loi adoptée en novembre 2023.