Lucie Tost, l’une des plus jeunes pilotes de ligne d’Air France, originaire de Sète, a pris son envol à la poursuite de ses rêves
Plus jeune pilote de ligne d’Air France, la native de Sète a su s’imposer avec détermination dans un univers très masculin. A 26 ans, elle vit pleinement une passion née à l’âge de 8 ans.
Le voyage est sa deuxième maison. Après Sète, bien sûr ! À 26 ans, Lucie Tost a déjà découvert plus de pays que la moyenne des mortels voyageurs au cours de sa vie. Et pour cause : elle est pilote de ligne. New York, Miami, Pointe-à-Pitre, San José, Dakar, Séoul, Tokyo, Seattle, Abidjan, Dubaï : depuis décembre 2023, les destinations au long cours s’enchaînent.
L’histoire de Lucie Tost avec l’aviation commence très tôt. Dès l’âge de 8 ans, lorsque ses parents l’emmènent en voyage, elle n’a d’yeux que pour ces appareils. « J’ai toujours demandé à monter dans le cockpit et souvent, on me prenait. Quand j’ai eu l’âge de me demander quoi faire, c’est venu naturellement. J’avais cette passion en moi. J’étais scientifique et pas du tout littéraire. Et la meilleure amie de ma mère était elle-même pilote de ligne. J’avais une approche du milieu qui me donnait encore plus envie. »
Un peu de chance, beaucoup de travail et beaucoup de détermination
La native de Sète passe alors à l’action. Et quand Lucie veut, elle obtient ! Très vite après ses études à l’Esma Montpellier et des entretiens minutieusement préparés, elle décroche son premier emploi chez Ryanair fin 2018. « Un peu de chance, beaucoup de travail et beaucoup de détermination »explique-t-elle. Elle n’avait que 21 ans et était alors la plus jeune pilote de France. « ça et rien d’autre ».
Elle est encore la benjamine d’Air France lorsqu’à 23 ans, elle rejoint sa filiale Transavia en août 2021. A bord du Boeing 737, qui restera son avion préféré, et désormais du 777, Lucie Tost franchit les étapes une à une. Et vit un rêve éveillé en voyant aurores boréales et arcs-en-ciel, en survolant le mont Fuji, le mont Blanc et le Groenland, en apercevant parfois la lune puis, quand elle tourne la tête, le soleil…
Déjà des incidents, des vols détournés
Surtout, elle vit pleinement sa passion du pilotage avec « l’adrénaline du décollage et encore plus de l’atterrissage »un quotidien où la routine ne s’installe jamais. « Ce ne sont pas seulement les voyages et les paysages. Il y a aussi les équipages, toujours différents, d’horizons et de cultures différentes. »
Lucie Tost a déjà recueilli quelques histoires et anecdotes : vols détournés pour cause de maladie ou de mauvais temps, collision avec une volée d’oiseaux au départ de Madrid…
Mais aussi, parfois, les remarques des passagers liées à l’image d’un métier très masculin. « Ah, c’est vraiment une femme devant ? »elle y avait droit, parfois.Blonde et jeune aussi, il n’y a rien de mal à ça !sourit la Sétoise. Qui prend les choses avec recul, recevant aussi, parfois, des félicitations et des remarques admiratives.
C’est mon côté machiste : je suis fier de cette ville, de la tielle, des joutes, du Mont Saint-Clair…
Devenir pilote, intégrer une compagnie puis celle de ses rêves, débuter sur des vols long-courriers : la suite logique pour Lucie Tost sera de devenir commandant de bord. Un jour, sans doute.
Avec ce parcours rare, on pourrait penser que Lucie Tost est désormais loin de Sète, de sa famille, de ses amis. Au contraire, elle y retourne dès qu’elle le peut. « C’est mon havre de paix. Quand j’entends l’eau et les oiseaux, quand je vois le coucher de soleil au Pont-Lévis, je sais que j’y suis. Et quand je n’y suis pas mais que j’entends Brassens, j’affiche mes origines sétoises. C’est mon côté machiste : je suis fier de cette ville, de la tielle, des joutes, du Mont Saint-Clair… »
L’île unique a son ambassadeur pour les vols long-courriers. Et pour les vols long-courriers.
Un métier encore très masculin
Les femmes pilotes de ligne dans le monde représentent encore moins de 10 % de l’ensemble des pilotes de ligne travaillant pour les compagnies aériennes. Bien que leur nombre ait augmenté ces dernières années, et même s’il a augmenté de 71 % aux États-Unis entre 2002 et 2022, nous sommes encore très loin de la parité.
En France, les progrès sont réels mais restent lents. Au 1er janvier 2023, Air France comptait 356 femmes pilotes, soit 9,2 % des effectifs pilotes de la compagnie.