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Lucie Castets est un symbole de la volonté française de chaos avant la coalition



Elle était le choix évident depuis le début. Pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt ? Le nouveau Premier ministre de la France devrait être Lucie Castets.

Lucie qui ?

Lucie Castets est la directrice financière de la ville de Paris. Elle a 37 ans. Elle croit à la dépense publique. Sous sa direction, la dette accumulée de la ville va atteindre près de 10 milliards d’euros d’ici 2026, son plus haut niveau historique.

OK. Elle est manifestement la personne idéale pour gérer l’argent d’un État endetté de 3 000 milliards d’euros et qui doit faire des choix difficiles pour éviter une crise financière effroyable. Quelles autres qualifications possède-t-elle ?

On la voit souvent lors des manifestations de gauche.

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Est-ce que c’est ça?

Non. C’est le seul nom sur lequel les quatre partis du Nouveau Front Populaire, alliance de gauche, ont pu s’entendre pour désigner leur premier ministre, après 16 jours de disputes et d’insultes. Sans nom – quel qu’il soit -, l’alliance aurait pu imploser.

Pourquoi Lucie ?

Parce que personne n’avait jamais entendu parler d’elle auparavant. Et il était urgent pour la gauche de présenter un candidat commun avant que le président Emmanuel Macron ne s’adresse à la nation lundi soir.

Pourquoi?

Pour que Macron puisse rejeter d’emblée son nom. La gauche pourrait alors l’accuser d’être « l’ennemi de la démocratie » et « divorcé de la réalité » parce qu’il ne verrait pas que Lucie (vérifie ses notes) Castets était le choix du peuple pour le poste de Premier ministre.

Le choix du peuple ?

Oui. La gauche a remporté 192 des 577 sièges de l’Assemblée nationale lors des élections anticipées du 30 juin/7 juillet. Elle détient un peu plus de sièges que tout autre bloc dans un parlement divisé en trois partis et demi.

Ils affirment qu’ils ont le droit démocratique de gouverner sans se soucier de choses compliquées comme des coalitions et des compromis. Maintenir le Nouveau Front Populaire uni est déjà assez difficile.

Et qu’a dit Macron ?

Il a déclaré que personne n’avait remporté les élections, pas même lui. L’heure était donc aux compromis et aux coalitions.

Mais cela prendrait du temps. Rien ne pouvait commencer tant que les Jeux olympiques de Paris étaient en cours. On ne pouvait pas s’attendre à ce que les Français, ou les hommes politiques français, s’intéressent à la politique alors qu’ils étaient distraits par la natation synchronisée et la lutte gréco-romaine.

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Nous aurons donc un nouveau gouvernement à la mi-août ?

Absolument pas. Les négociations vont probablement se poursuivre jusqu’en septembre dans l’espoir de former un gouvernement de coalition d’ici à ce que la nouvelle assemblée se réunisse pour sa première session plénière le 1er octobre.

Cela signifierait au moins six ou sept semaines sans véritable gouvernement en place, seulement un gouvernement intérimaire « d’affaires courantes » avec peu de pouvoirs. Est-ce possible ? Est-ce constitutionnel ? Est-ce déjà arrivé auparavant ?

En Belgique, c’est fréquent. Le gouvernement d’affaires courantes le plus long de l’histoire politique française moderne a duré neuf jours en 1962, lorsque Georges Pompidou était Premier ministre et Charles de Gaulle président.

Alors Macron essaie ?

Oui.

Quelles sont les chances de parvenir à une coalition d’ici le 1er octobre ?

L’incertitude est grande. Et tout gouvernement de fortune pourrait ne pas faire long feu. Un accord sur un budget de réduction du déficit à l’horizon 2025 est essentiel pour éviter une crise financière qui ne serait pas tout à fait de l’ampleur de celle de la Grèce, mais qui s’en rapprocherait. Faire passer un budget par une vingtaine d’étapes différentes sera un cauchemar, à moins que le nouveau gouvernement ne dispose d’une majorité des 577 députés (289 sièges).

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Macron a semblé pencher lundi soir pour une possible coalition entre son centre et l’ex-centre droit gaulliste. Est-ce envisageable ou raisonnable ?

Le centre de Macron et les ex-gaullistes (qui ont encore changé de nom) auraient 220 sièges à eux deux, ce qui est loin d’être suffisant pour former un gouvernement durable.

A quoi joue donc Macron ?

Il semble penser qu’un accord avec le centre-droit (aujourd’hui la Droite Républicaine, ex-Les Républicains, ex-UMP, etc.) sera plus facile qu’un accord avec les composantes modérées de l’alliance de gauche. Il espère ainsi pouvoir attirer des composantes du centre-gauche au gouvernement.

N’est-ce pas assez sensé ?

Le problème est que le chef de file du centre-droit, Laurent Wauquiez, refuse de rejoindre une coalition avec Macron, même dirigée par un Premier ministre de centre-droit. Tout comme Jean-Luc Mélenchon, de La France insoumise, Wauquiez préfère le chaos à la coalition. Comme Mélenchon, il estime que le chaos augmentera ses chances de devenir président en 2027, voire plus tôt si Macron est contraint de démissionner.

Que doit donc faire un mauvais président de la République ? D’abord, il doit faire comprendre qu’il ne contrôlera pas le prochain gouvernement comme le font habituellement les présidents de la Cinquième République. Il doit accepter que le nouveau Premier ministre et le Parlement mèneront en grande partie la politique intérieure.

Est-ce probable ?

Macron a déclaré lors du dernier conseil des ministres du précédent gouvernement qu’il comptait être seulement « l’arbitre » de la nouvelle administration. C’était un pas dans la bonne direction. Lundi soir, il a parlé de « compromis » de la part de toutes les parties. Il n’a pas dit qu’il ferait marche arrière en matière de politique intérieure. Peut-être a-t-il l’intention d’être un arbitre qui joue le jeu.

Qu’est-ce-qu’on fait maintenant?

Il est très peu probable que l’ensemble du centre-droit ou l’ensemble du Parti socialiste de centre-gauche rejoignent une coalition. Macron et son Premier ministre Gabriel Attal doivent néanmoins s’efforcer de s’assurer le soutien d’une grande partie de ces deux partis.

Lundi, Macron a déclaré que les négociations devaient commencer par un programme commun et non par le nom d’un candidat au poste de Premier ministre. A-t-il raison ?

Non, ce n’est pas la manière belge de procéder. Les Belges savent ce genre de choses. Macron devrait décider s’il demande à une personnalité crédible et consensuelle de centre-droit ou de centre-gauche de former un gouvernement arc-en-ciel allant de la gauche modérée à la droite modérée. Cela aurait plus de chances de réussir que toute tentative grossière d’élargir le centre de Macron défait.

Y a-t-il un espoir de parvenir à un accord ?

Il y a toujours de l’espoir.

thelocal

Remon Buul

Chairman of the board of directors responsible for organizing and developing the general policy of the website and the electronic newspaper, he is interested in public affairs and in monitoring the latest international developments.
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