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Luca de Meo à propos de l’arrêt du moteur de F1 : « Je ne peux pas penser comme un fan »

C’était un discours visiblement très attendu, à l’heure où les salariés de Viry-Châtillon savent qu’ils ne fabriqueront plus de moteurs de F1, et à l’heure où les passionnés de Renault et d’Alpine sont toujours en grande difficulté de bois, en pleine digestion. d’une décision qui a tué le seul moteur français présent sur la grille de F1 depuis plusieurs décennies. Dans un exercice d’équilibriste si difficile compte tenu du contexte, le patron du groupe Renault Luca de Meo s’est exprimé auprès de nos confrères de L’Equipe sur l’arrêt de l’activité de la F1 à Viry.

« C’est un sujet très émotif, pour moi tout d’abordil a insisté. Je suis très passionné. C’est déchirant. Cette décision est le résultat de mois et de mois d’observations. Je voudrais d’abord dire que j’admire l’engagement et la ténacité des Viry-Châtillons. Et je sais que demain ils imprimeront cet état d’esprit dans les projets qui attendent leur entité. Ils ont la gnaque. Et c’est une bonne nouvelle. Ça fait mal de les voir si déçus par cette décision, mais malheureusement dans mon travail, je ne peux pas penser comme un fan.

Le constat fait par la direction de Renault est que l’écurie de F1, à cause d’une mauvaise gestion au cours des dix dernières années, a perdu de sa superbe, comme le prouvent les résultats. « Je suis directeuril se souvient. Je dirige une société cotée en bourse. Et je dois repenser le projet F1, pour enfin gagner. Je recherche donc des raccourcis pour y parvenir. Là, nous sommes devenus invisibles. Encore deux ans et le projet s’effondrerait complètement. Nous sommes sur une pente descendante depuis trois saisons. Il a fallu tout bousculer. Avec une logique financière parallèle.

De Meo assure qu’Alpine n’est pas à vendre

Si la fin d’un moteur franco-français est déchirante pour les premiers fans de la marque, le patron italien est convaincu que les temps ont changé et que les fans, notamment ceux recrutés ces cinq dernières années à travers le monde grâce aux mesures mises en place par Liberty Media, ne sont pas attachés à un moteur. « Les fans – sauf les vrais passionnés, j’en conviens – et les sponsors viennent pour une équipe, pas pour un moteur. Les partenaires signent avec McLaren, pas avec Mercedes sous le capot. Le public de la F1 a changé. Il s’est répandu parmi les jeunes et les femmes. Cette nouvelle clientèle a une interprétation différente de ce sport.

Luca de Meo a également insisté sur le caractère financier de sa décision. « Les coûts de développement sont devenus exponentiels… (Un moteur client) est inférieur à 20 millions par an. Nous avons donc dû prendre cette décision. Et puis, toutes les autres équipes ont leurs entités moteur et châssis à proximité. Nous sommes à cheval sur deux « continents », avec deux cultures différentes. Et chez Enstone, ils sont très indépendants, habitués à travailler sur des couleurs différentes. J’aurais dû tout mettre en place, mais ça aurait été en Angleterre… Difficile, non ?

Dans l’interview publiée par nos confrères, de Meo a assuré que l’arrêt de l’activité F1 de Viry n’était pas une condition préalable à une vente immédiate de l’écurie. « Je reçois des appels tous les 15 jours de financiers, d’excentriques qui veulent se lancer en F1. Ils savent qu’après 2026, cela coûtera beaucoup plus cher. Si nous vous donnons 1 milliard aujourd’hui pour prendre l’équipe, ils pourront la vendre pour le double deux ans plus tard. C’est plein de spéculateurs ici. J’ai refusé cinquante fois. Une écurie vaudra bientôt entre 3 et 5 milliards. Je ne vais pas vendre, je ne suis pas stupide. Être en F1 est essentiel pour la marque Alpine. Nous sommes dans le club exclusif. Cela donne de la crédibilité à la marque auprès des passionnés d’automobile. Nous n’avons pas besoin de cet argent.

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Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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