Divertissement

Louise Bourgoin : « Vivre dans un environnement opposé, radicalement différent, m’a donné un recul précieux »

Lorsqu’elle travaillait à la télé, Louise Bourgoin écrivait ses sketches, s’habillait, prenait des accents, elle s’amusait beaucoup. Au milieu des années 2000, Louise Bourgoin apparaît sur le plateau du Grand Journal de Canal + avant de devenir actrice de cinéma. Toujours pour la télé, à 24 ans elle décide de changer de nom : Louise s’appelle en réalité Ariane.Cela m’a protégée, je n’aurais pas osé faire tout ce que j’ai fait si j’avais gardé mon vrai prénom. Et je trouvais que Louise Bourgoin sonnait bien mieux qu’Ariane Bourgoin.« Et en plus, ça ressemble à Louise Bourgeois, ce n’est pas un hasard quand on découvre son parcours.

Devenue comédienne, elle était Adèle Blanc Sec, mère célibataire et saisonnière en Un beau dimanche par Nicole Garcia, une stagiaire autoritaire et dévouée à sa profession dans la série Hippocrate par Thomas Lilti.

Pour le film Le moyenDans Le Médium, qui sort le 10 juillet, Louise Bourgoin est peintre. Et ça lui va bien, puisqu’elle a étudié aux Beaux-Arts. Son nouveau film s’appelle « Le Médium », une histoire de fantômes, au ton comique et mélancolique.

D’un rôle à l’autre, on repérait son large sourire ou encore son regard féroce. Elle arrive habillée, maquillée, avec un chignon haut, pour cet entretien avec Rebecca Manzoni avant les séances photos suivantes. L’intervieweuse n’a que son micro et un vieux Polaroid.

Mayenne, Beaux-Arts, Canal+

Ariane Bourgoin a grandi en Mayenne. Elle se souvient des grands repas de famille avec les oncles et les tantes qui se déguisaient,c’était un bon enfant« . Elle raconte, émue, les moments où elle chantait Frédéric François avec sa grand-mère, une chanson qui racontait « complètement différente de ce que nous avions imaginé, une femme très soignée, toujours avec le même mari et qui était certainement heureuse comme ça. Et là, cela suggérait qu’elle pouvait fantasmer sur quelqu’un qui pourrait l’emmener » Sa grand-mère était rassurée qu’Ariane chantait avec elle, elle lui serrait fort la main et sa mémoire ne lui faisait plus défaut.
« Elle s’est beaucoup occupée de moi, j’ai grandi seule avec ma mère, et elle a beaucoup aidé ma mère à s’occuper de moi. C’était une autre langue aussi, que j’ai perdue à 17 ans, le patois mayennais.« En perdant sa grand-mère, elle perd cette langue.

Elle arrivera à Paris avec ce passé, cette perte, dans un environnement bohème, très tendance, à l’opposé de la maison mayennaise, mais un environnement qu’elle avait appris à décoder aux Beaux-Arts. « Une posture extrêmement provocatrice et en même temps pas très méchante.« Ce ton l’a beaucoup aidée à décoder le mot Canal+ et les codes de la chaîne.

Rebecca Manzoni souligne ainsi que les deux codes, et donc les grilles de décodage, que possède Louise Bourgoin lui ont semblé être quelque chose de très précieux.Cela m’a beaucoup aidé (…) Être exposé à un environnement opposé, radicalement différent, m’a donné du recul, du recul précieux.« 

Affaires culturelles

58 minutes

Les racines et le transfuge de classe

Pour revenir aux chansons de Frédéric François, l’actrice en parle comme de quelque chose de gentiment désuet, et d’autres, comme d’une preuve de mauvais goût. Comment Louise des Beaux-Arts concilie-t-elle ses goûts avec la jeune Ariane, avec cette double culture ? Où situe-t-on le bon ou le mauvais goût ?
Entre la Mayenne de sa grand-mère, la Bretagne de son grand-père, les Beaux-Arts et le job au sein de l’enseigne la plus en vogue du moment, Louise Bourgoin avait l’envie de montrer qu’elle avait du goût, sa décoration racontait quelque chose d’elle, entre des artistes connus sur les murs et sur la table, l’assiette orange vif de Mémé.Je me rends compte que j’avais envie d’expliquer quelque chose et certainement un transfuge de classe, pour accompagner ce changement de classe avec le décor qui va avec. Et en même temps, je m’en rends compte, j’ai assez de recul pour me rendre compte que c’est un peu naïf parce qu’au final, on ne change jamais vraiment.« 

La joie de la télévision, la libération du cinéma

Elle connaîtra un nouveau changement de classe à ses yeux, lorsqu’elle deviendra actrice aux côtés de Fabrice Luchini qui l’emmène avec lui dans La fille de Monaco après avoir assisté à l’un de ses croquis, face à lui. »Anne Fontaine me disait sans cesse, tu es actrice, ne te pose pas de questions, tu es actrice, Luchini me disait la même chose, ils avaient décidé que j’étais actrice, c’était très étrange. Et en même temps, ça me paraissait facile par rapport au stress que j’avais au Grand Journal de parler directement à 2 millions de personnes, du coup pouvoir recommencer une fois, deux fois, quinze fois, ça me paraissait simple.« 

Elle était beaucoup plus stressée à la télévision, Louise Bourgoin se souvient de la sensation de sauter dans le vide pour sa première prestation, dont elle ne se souvient pas, « J’ai eu une panne d’électricité due au stress » Elle se sentait galvanisée par ses apparitions télé, n’en souffrait jamais, mais était stressée au plus haut point, à tel point qu’elle était prise de tremblements en sortant du plateau, comme le corps qui se relâche après un marathon, la fatigue de 42 km en 3 minutes. Après avoir traversé ce stress intense et difficile, jouer pour le cinéma lui semblait plus facile, grâce à la disparition de cet état.

La suite de cet entretien avec Louise Bourgoin peut être écoutée ici…

Louise Bourgoin
Louise Bourgoin

© Radio France -Rebecca Manzoni

Bande sonore originale du spectacle

  • Fédéric François, Êtes-vous seul ce soir ? (1990)
  • Nilüfer Yanya, Comme je le dis (Je m’enfuis) (2024)
  • Luidji, Miskine (2023)

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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