Depuis la fin de la Guerre froide, la présence militaire américaine en Europe est relativement stable. Alors que les forces armées américaines comptent un peu plus de 1 200 000 militaires, dont 230 000 stationnés à l’étranger, 60 000 d’entre eux sont présents en Europe au sein de l’Otan. La victoire de Donald Trump pourrait-elle rebattre les cartes de cette présence militaire en Europe alors que la Chine est devenue l’adversaire numéro 1 de Washington ?
La menace d’une nouvelle administration américaine plane sur l’Europe… Elle a même été verbalisée le 10 février. Dans l’un de ses meetings, le candidat républicain Donald Trump assuré qu’il ne garantit plus la protection de tous les pays membres de l’UnionOTAN face au Russie : « L’un des présidents d’un grand pays s’est levé et a dit : « Si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ? » Non, je ne te protégerai pas. En fait, je les encouragerai même à faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer, vous devez payer vos factures ! »
S’il est élu, souligne l’expert en relations internationales Cyrille Bret, Donald Trump pourrait bien chercher à diviser les Européens. Exiger d’eux tous deux un alignement sur le ÉTATS-UNIS et une plus grande autonomie en matière de défense : « Il a déjà annoncé plusieurs changements dans sa perception et son action du lien transatlantique. Il nous rappellera la nécessité de faire payer aux Européens leur propre sécurité. Et les chiffres sont impitoyables. L’effort de défense américain à lui seul est presque 70 % de l’effort de défense de l’ensemble de l’alliance de l’Atlantique Nord. Il voudra donc continuer à charger. Il voudra probablement également établir une OTAN à deux vitesses. Et puis, il y a une troisième inflexion qui est prévisible en cas d’élection de Donald Trump, c’est la volonté de préserver ce qui est essentiel pour Donald Trump de la présence américaine en Europe, le parapluie nucléaire, les vecteurs et chaînes de commandement. . Et de déléguer aux Européens de plus en plus la question des armes terrestres et la question des équipements de détection. »
Si la menace chinoise devient une priorité, les États-Unis pourraient-ils maintenir un contingent important en Europe ?
La question des moyens et du savoir-faire militaires se posera sans aucun doute. En revanche, un départ américain ne se fera pas d’un claquement de doigts, même avec Donald Trump à la Maison Blanche, assure Cyrille Bret : « Il y aura une résistance de la part de l’appareil militaire américain là où les atlantistes sont importants. Il y aura aussi des résistances dans l’entourage de Donald Trump car tout le monde n’est pas convaincu de cette lecture des relations internationales où seule compte la Chine. Il y a des « Cold Warriors » autour de Donald Trump, il y a des « Cold Warriors » qui seront entendus au Sénat et au Pentagone, donc cela n’arrivera que progressivement. »
Un candidat démocrate pas si loin de Donald Trump
Si la candidate démocrate Kamala Harris a une ambition sur le lien transatlantique, en cas de victoire, elle devra aussi faire face à la montée en puissance du Chine. Paradoxalement cela pourrait conduire à une position qui sur le fond ne serait pas si éloignée de celle de Donald Trump, indique Cyrille Bret, seule la forme serait différente : « Encourager contre les invectives, évidemment pour défendre les intérêts nationaux américains, est tout à fait légitime. Seraient naïfs ceux qui croient qu’en Europe il existe un candidat pro-européen face à un candidat pro-américain. Tous deux ont la responsabilité, c’est dans leur mandat, c’est dans leur serment, de promouvoir et de défendre les intérêts américains dans le monde entier, et il incombe aux Européens eux-mêmes de promouvoir leurs propres intérêts. »
Alors que la nature des relations transatlantiques évolue, les élections américaines mettent en lumière une Europe prise entre Pékin et Washington.