Lors des recensements, l’Insee demande désormais le lieu de naissance des parents

Comme chaque année, l’Insee a lancé ce jeudi sa campagne de recensement. L’Institut national de la statistique et des études économiques invite neuf millions de Français à participer pour mieux comprendre les caractéristiques de la population et ainsi permettre, en fournissant des données, d’affiner les politiques publiques.

Outre l’âge, la profession, le lieu de résidence ou l’état civil, cette année, dans la liste des 32 questions, la fréquence du télétravail, l’existence d’un handicap et surtout, le lieu de naissance de la mère et du père. Cette dernière question est facultative.

Cela permettra « connaître la diversité des origines des personnes vivant en France, y compris à l’échelle territoriale, et étudier la variété des situations selon l’origine, ainsi que la mobilité géographique au fil des générations »a justifié l’Insee en début de semaine en présentant le recensement annuel de la population. « Cette question permettra de savoir à travers l’histoire familiale si les gens retournent vivre dans le département où sont nés leurs parents »a précisé Muriel Barlet, cheffe du service de démographie à l’Institut national de la statistique lors d’une conférence de presse.

« Cette question est présente dans d’autres enquêtes de statistiques publiques (notamment celles d’emploi ou de trajectoire et origine NDLR) »a également relevé le responsable, ajoutant que cela avait été rendu facultatif après que les personnes interrogées (4 à 5%) se sont déclarées gênées par la question parce qu’elles ne connaissaient pas leurs parents ou parce qu’elles ne savaient pas où leurs parents étaient nés.

« Discrimination »

Cinq syndicats et associations (LDH, CGT, FSU, Solidaires, MRAP) ont appelé les personnes répertoriées à ne pas répondre à la nouvelle question relative au lieu de naissance des parents, arguant d’une possible exploitation politique. « La publication de chiffres par pays de naissance des parents à de fines échelles géographiques suggère tout d’abord que ce décompte localisé est important pour décrire la population de notre pays »dénoncer ces organisations dans un communiqué.

« Aujourd’hui, c’est l’extrême droite qui veut lire la réalité du pays à travers une identité liée à une origine géographique. Non pas pour lutter contre les discriminations, mais pour faire croire à un « grand remplacement » par des territoires qui « quitteraient la République » en raison de telles origines »ils dénoncent.

« Nous ne sommes pas contre cette question, mais pas dans un questionnaire de recensement. Dites-nous quelle politique ne pourrait être menée sans ces chiffres ?s’interroge Jan Robert Suesser, membre du bureau national de la LDH, interrogé par l’AFP. « Cela ne peut suffire à protéger les personnes dont les origines familiales sont situées à l’étranger des usages néfastes résultant de cette question du bulletin de recensement »insistent ces associations et syndicats qui appellent les maires à alerter leurs administrés sur ce sujet.

Consultation du Conseil d’État

« Cela permettra au débat public de se dérouler sur des bases éclairées et non, comme c’est trop souvent le cas, sur des approximations, des raccourcis ou des stéréotypes »a rétorqué la défenseuse des droits Claire Hédon sur Franceinfo ce jeudi. L’Insee a également précisé que «Les données du recensement sont confidentielles et ne sont pas transmises à d’autres administrations. Par ailleurs, et pour garantir l’anonymat, aucune des données incluant l’origine des parents ne sera publiée pour «de moins de 5000 habitants ».

Contactant Franceinfo, l’Insee a également assuré que l’ajout de cette nouvelle question avait fait l’objet d’une «long processus de consultation», en particulier avec la consultation Conseil d’État et Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).