L’appel avait été lancé dans les haut-parleurs du stade quelques secondes avant que ne retentissent les premières notes du chant de Phoenix. « Chers athlètes, veuillez quitter la scène ». Mais il fut vite couvert par un rugissement venu des tribunes et du terrain : l’entrée du groupe électro-rock déchaîna les passions… et déjoua les plans des organisateurs de la cérémonie de clôture des Jeux de Paris, qui n’avaient pas prévu que les athlètes envahiraient la scène planétaire où devait se produire Phoenix.
« Les athlètes n’étaient pas censés monter sur scène en fait », ont confirmé à l’AFP Thomas Mars et Laurent Brancowitz, respectivement chanteur et guitariste du groupe, après le spectacle. « Il y a donc eu un vrai moment de panique de la part de l’organisation, alors qu’ils n’étaient pas censés être là. Mais ça ne nous dérange pas parce que c’est quelque chose à quoi on est habitués, ça nous arrive en concert. Donc, on était dans notre élément, mais l’organisation a dû avoir quelques sueurs froides… »
Le « stade de danse »
Intitulée « Lisztomania » en référence à la frénésie qui entourait les récitals de Franz Liszt au XIXe siècle, leur première pièce n’avait jamais aussi bien porté son nom. Elle transformait le Stade de France, encore très sage, en Stade de la Danse, écrira plus tard le compte rendu officiel des Jeux.
Dans la foule massée autour des rock stars, on retrouvait de nombreux sportifs américains, pays où le groupe jouit d’une grande notoriété depuis 2009 et la sortie de l’album « Wolfgang Amadeus Phoenix ». C’était il y a quinze ans et cela explique sans doute l’étonnement de certains jeunes sportifs devant l’enthousiasme débordant de leurs aînés :
(Les athlètes olympiques de la génération Z regardent avec inquiétude leurs coéquipiers de la génération Y chanter leurs chansons Lisztomanie comme si leur vie en dépendait)
Le leader du groupe, Thomas Mars, ne semblait pas particulièrement perturbé. Enchaînant les tubes avec ses amis Kavinsky, Air et Ezra Koening, et les nouveaux venus Angèle et VannDa, il a terminé le concert en bas de la scène, porté par des athlètes au-dessus de la foule, offrant aux photographes et à l’organisation l’un des clichés les plus emblématiques de la cérémonie. « From a mess to the masses », du désordre à la foule… Les tout derniers mots de Lisztomanie étaient résolument prémonitoires.