Elle avait affirmé être à l’origine d’un « action » artistique début mai au Centre Pompidou-Metz, où cinq œuvres, dont le célèbre tableau « L’Origine du monde » de Gustave Courbet, avaient été taguées et une autre volée. L’artiste franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis a été mise en examen le 29 mai, a indiqué ce lundi 3 juin le parquet de Metz, confirmant une information du journal. Le monde.
Les accusations concernent « dommages ou détériorations intentionnels de biens culturels » lors d’une réunion ainsi que le vol de biens culturels lors d’une réunion, a déclaré à l’AFP le procureur de la République Yves Badorc. Deborah de Robertis a été placée sous contrôle judiciaire, comprenant interdiction de paraître dans un lieu d’exposition de biens culturels ou interdiction de paraître dans le département de la Moselle, a-t-il précisé.
« Etre placé en garde à vue et mis en examen pour avoir usé de ma liberté artistique et de ma liberté d’expression est totalement disproportionné », a réagi Déborah de Robertis auprès de l’AFP. A travers cette « action », l’interprète a voulu « dénoncer les dérives du monde de l’art, jusqu’ici resté silencieux (…). Mes performances pointaient du doigt les abus de pouvoir sexuel dans le monde de l’art avant #MeToo, sans accuser directement, mais aujourd’hui je veux prendre la parole. Elle avait également revendiqué un geste de « réappropriation » une broderie d’Annette Messager, issue de la collection personnelle d’un critique d’art qui était également commissaire de l’exposition alors en cours – « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse ». Une œuvre de l’artiste en question était également présentée dans cette exposition.
« MeToo » tagué sur les œuvres
Le 10 mai, le musée d’Orsay a annoncé avoir porté plainte après le marquage du tableau de Gustave Courbet. Il soutenait que si l’œuvre était protégée par du verre, le cadre avait reçu « de nombreuses éclaboussures de peinture qui pourraient laisser des traces durables même après restauration ». Peint en 1866, le tableau représente les organes génitaux d’une femme. Entrée dans les collections du musée d’Orsay en 1995, elle a été prêtée au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition consacrée au psychanalyste Jacques Lacan – qui fut son dernier propriétaire privé –, aujourd’hui terminée.
Deux autres femmes, nées en 1986 et 1993 et qui avaient tagué les œuvres avec « MeToo », ont été arrêtées le 6 mai, le jour même de l’action. Ils ont également été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Il est interdit aux trois femmes d’entrer en contact les unes avec les autres.
En marge de son action au musée, Deborah de Robertis avait fait une plainte au parquet de Paris contre plusieurs hommes du monde de l’art contemporain, les qualifiant de « calculateurs », « prédateurs » ou « censeurs ». Condamnée à une amende pour s’être déshabillée devant la grotte de Lourdes en 2018, l’artiste a été relaxée après d’autres agissements similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant « La Joconde ».