l’opposition en passe de remporter une large victoire
L’opposition turque est sur le point, dimanche 31 mars, de remporter une large victoire à travers le pays jusqu’en Anatolie et de conserver Istanbul et Ankara, les deux plus grandes villes, au soir d’élections municipales qui laissent entrevoir un camouflet pour le président Recep. Tayyip Erdogan.
Sur 79 % des urnes dépouillées à 23 heures locales (22 heures en France), le maire sortant d’Istanbul, issu du Parti républicain du peuple (CHP), Ekrem Imamoglu, était crédité de 50,5 % des voix contre 40,7 %. à son principal adversaire du parti au pouvoir, l’AKP. Si l’intéressé a refusé de crier victoire avant la publication des résultats définitifs, ses partisans ont convergé dans la soirée vers le siège de la municipalité, assaillis par une foule noyée sous une vague de drapeaux rouges turcs.
A Ankara, le maire du CHP, Mansur Yavas, a immédiatement revendiqué la victoire alors que le dépouillement était encore en cours. « Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays »» a-t-il déclaré devant une foule enthousiaste.
« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie »
« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie », a estimé le chef du CHP, Ozgur Ozel. Outre Izmir, troisième ville du pays et fief du CHP, et Antalya, où les partisans de l’opposition ont commencé à célébrer la victoire dans les rues, le principal groupe d’opposition est en passe de percer en Anatolie. Elle s’est vu confier la tête des capitales provinciales longtemps détenues par l’AKP, selon des résultats encore partiels.
Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de deux décennies, avait pesé de tout son poids dans la campagne, notamment à Istanbul, capitale économique et culturelle du pays dont il fut maire dans les années 1990 et qui s’était basculé dans l’opposition en 2019. Le chef de l’Etat devait s’exprimer à 00h30 (23h30 en France), selon la présidence. Une réélection de M. Imamoglu à la tête de la mégapole le lancerait déjà dans la course à l’élection présidentielle de 2028.
Les candidats de l’AKP étaient en revanche en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), fiefs du président Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM dispose d’une une avance confortable dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.