Les talibans ont prétendu accorder une « rôle croissant » au puissant ministère de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice (MPVPV), rejetant un rapport de l’ONU qui accuse cette police des mœurs de créer une « climat de peur» en Afghanistan. « La situation exige un rôle croissant » du MPVPV, a indiqué le gouvernement de Kaboul, en réponse au rapport entièrement consacré à ce ministère par la Mission d’assistance des Nations unies pour l’Afghanistan (MANUA).
Dans ce rapport, l’Unama considère que « Les violations des droits de l’homme commises par le MPVPV, ainsi que le caractère imprévisible de l’application de ses mesures, contribuent à créer un climat de peur et d’intimidation au sein de la population » Afghan. Plus qu’un simple ministère, le redoutable MPVPV est chargé de mettre en œuvre les décrets ou instructions du chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, conformément à la loi islamique, et a un impact considérable sur la vie publique et privée des Afghans.
Cet impact est « discriminatoire et disproportionné » Dans le cas des femmes, estime la MANUA, qui documente, pour la population générale, de nombreux cas d’arrestations, de châtiments corporels, d’intimidation ou d’atteinte à la vie privée. La mission onusienne cite notamment les mesures touchant les femmes, de moins en moins visibles dans les médias, à qui on demande le plus souvent d’être accompagnées d’un mahram (chaperon) lorsqu’elles sortent de chez elles et de porter le hijab. Elles sont aussi chassées des parcs ou des bains publics, ou contraintes de fermer leurs micro-entreprises, comme un salon de beauté.
Les hommes sont également touchés par les ukazes du MPVPV, poursuit l’Unama. Le rapport cite des cas d’Afghans fouettés en public pour ne pas être allés à la mosquée, de coiffeurs arrêtés ou agressés pour avoir rasé des clients. Dans l’annexe du rapport qui leur offre un droit de réponse, les autorités talibanes démentent dans certaines des provinces citées toute arrestation, mais indiquent que des salons de coiffure ont dû fermer. Elles assurent également que « Les médias sont libres depuis la création de l’Émirat islamique d’Afghanistan » Et « que les femmes puissent aller dans les parcs et les lieux publics ».
Unama mentionne également « mauvais traitements, arrestations et détentions arbitraires » Les Afghans qui ont écouté de la musique qui, si elle ne fait pas l’objet d’un décret, est de facto interdite par le MPVPV car elle « attaque les racines de l’islam ». Bien qu’il existe désormais un mécanisme de recueil des plaintes de la population contre les abus du MPVPV, les femmes en sont de facto quasiment exclues, et les Afghans en général ne lui font pas confiance, selon la MANUA.