Le projet de loi géorgien sur « l’influence étrangère » inquiète la France, les États-Unis et l’ONU, alors que la mobilisation se poursuit. Jeudi 2 mai, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a demandé au » retrait « du texte actuellement examiné au Parlement géorgien et a exprimé sa préoccupation quant à l’utilisation « force disproportionnée » contre ceux qui s’y opposent.
« J’exhorte les autorités géorgiennes à retirer ce projet de loi et à engager un dialogue, notamment avec la société civile et les médias »a déclaré M. Türk dans un communiqué, estimant que « Qualifier les ONG et les médias à financement étranger d’« organisations agissant dans l’intérêt d’une puissance étrangère » constitue une menace sérieuse pour les droits à la liberté d’expression et d’association. ».
« Je suis préoccupé par les informations faisant état d’un recours inutile et disproportionné à la force par les forces de l’ordre contre des manifestants et des professionnels des médias dans la capitale géorgienne, Tbilissi, cette semaine. »a souligné M. Türk.
La France, de son côté, a condamné la répression des manifestations en Géorgie et a appelé les autorités géorgiennes « garantir le respect du droit de manifester pacifiquement ainsi que de la liberté de la presse ». Paris « réitère sa profonde préoccupation » concernant le projet de loi, qui « à l’encontre des valeurs sur lesquelles est fondée l’Union européenne et auxquelles le peuple géorgien a montré son profond attachement », a souligné Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères..
Adoption définitive du texte d’ici mi-mai
Les États-Unis se disent : « profondément préoccupé par cette législation, par les conséquences qu’elle pourrait avoir en termes d’étouffement de la dissidence et de la liberté d’expression ». La Géorgie compte « une société civile dynamique » OMS « joue un rôle essentiel dans la lutte contre les dérives gouvernementales » Et « nous ne voudrions pas voir quelque chose avancer d’un point de vue législatif qui (…) cela rendrait plus difficile l’expression du peuple géorgien. »a ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale du pouvoir exécutif.
Les opposants géorgiens à la loi ont poursuivi leur mobilisation et des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue jeudi soir. Contrairement aux jours précédents, le rassemblement s’est déroulé dans deux lieux différents : devant le Parlement, lieu traditionnel des manifestations, et sur la Place des Héros, où se dresse un monument à la mémoire des soldats géorgiens morts au combat. Les manifestants ont bloqué la route menant à cette place. La police en a arrêté plusieurs et a utilisé du gaz poivré, comme la veille. En signe de solidarité avec les personnes arrêtées, les manifestants devant le Parlement ont marché vers la Place des Héros.
Depuis le 9 avril, des dizaines de milliers de manifestants protestent contre le projet de loi controversé sur l’influence étrangère, adopté mercredi en deuxième lecture par le Parlement. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a réintroduit le projet de loi, considéré comme un obstacle aux aspirations de Tbilissi à adhérer à l’Union européenne.
Le texte, sévèrement critiqué par l’Union européenne ou les Etats-Unis, doit encore passer une troisième lecture, et la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir, devrait y opposer son veto. Georgian Dream, cependant, dispose de suffisamment de voix pour pouvoir l’annuler.