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Londres lance une nouvelle étude stratégique pour préparer ses forces à affronter un « quatuor mortel »

De toute évidence, le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, n’a pas l’intention de perdre du temps. À peine deux semaines après son installation au 10 Downing Street, il vient de lancer une revue stratégique de défense, alors que la dernière avait été publiée en 2021, avant d’être révisée deux ans plus tard pour prendre en compte la guerre en Ukraine.

« Nous vivons dans un monde plus dangereux et plus instable » et « mon gouvernement développera une nouvelle approche clairvoyante de notre défense nationale, qui nous permettra de faire face de front aux menaces internationales », a déclaré Starmer.

Ces dernières années, les forces armées britanniques ont connu de nombreuses réformes, dont la plupart ont conduit à une réduction de leur taille. Et ce, malgré un budget équivalent à 2 % du PIB.

Ayant perdu de nombreux arbitrages, notamment en faveur de la Royal Navy (avec ses deux porte-avions, le renouvellement de ses sous-marins nucléaires et le lancement des frégates Type 26 et Type 31), l’armée britannique a vu ses capacités mais surtout ses effectifs fondre inexorablement. La Royal Air Force (RAF) n’est pas mieux lotie, un rapport parlementaire publié en 2022 estimant qu’elle ne serait pas en mesure de rivaliser dans un conflit de « haute intensité ».

Par ailleurs, au-delà des aspects capacitaires, les forces britanniques sont confrontées à d’importants problèmes de recrutement, de rétention et de formation. Par rapport à 2003, année où elles étaient engagées simultanément en Afghanistan (opération Herrick) et en Irak (opération Iraqi Freedom), leur taille a diminué globalement de 30 %. « La Grande-Bretagne devrait revoir la taille de ses forces armées pour répondre aux menaces posées par la Russie et à la crise au Moyen-Orient », s’est même permis de dire Carlos Del Toro, le secrétaire à la Marine américaine, devant le Royal United Services Institute (RUSI) en janvier dernier.

En outre, le ministère britannique de la Défense n’est pas non plus très satisfait de ses procédures d’approvisionnement et de ses principaux programmes d’armement, qui ont tendance à être entachés de dépassements de coûts et de retards.

D’où la feuille de route donnée par M. Starmer à George Roberston, qui sera chargé de conduire les travaux de cette nouvelle revue stratégique de défense en sa qualité d’ancien secrétaire général de l’Otan. Il sera assisté de Fiona Hill, ancienne conseillère de Donald Trump et spécialiste de la Russie, ainsi que du général Richard Barrons, ancien chef d’état-major adjoint des armées.

« J’ai promis au peuple britannique que j’apporterais les changements nécessaires pour faire avancer notre pays. (…) Nous veillerons à ce que nos forces armées déjà affaiblies soient renforcées et respectées, à ce que les dépenses de défense soient augmentées de manière responsable et à ce que notre pays dispose des capacités nécessaires pour assurer sa résilience à long terme », a déclaré Keir Starmer. Pour rappel, il a promis d’augmenter les dépenses militaires britanniques à 2,5 % du PIB, « dès que les conditions le permettront ».

Son ministre de la Défense, John Healey, a été encore plus précis, parlant de « l’aube d’une nouvelle ère pour la Grande-Bretagne ».

« Nous ne pouvons pas continuer à avoir des forces armées épuisées, gaspillées en achats et démoralisées. En attendant, nous devons être clairs sur les menaces auxquelles nous sommes confrontés dans un monde de plus en plus instable où la technologie change la nature de la guerre. Pour y faire face, nos forces armées doivent être mieux préparées au combat, plus intégrées et plus innovantes. Nous avons besoin d’une responsabilité plus claire, d’une mise en œuvre plus rapide, de moins de gaspillage et d’un meilleur rapport qualité-prix », a-t-il déclaré.

Dans une interview au Daily Telegraph, Lord Robertson a expliqué que la révision stratégique de la défense avait pour but de préparer les forces britanniques à affronter un « quatuor meurtrier de nations qui travaillent de plus en plus ensemble », à savoir la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. « Nous devons être capables de faire face à ce quatuor ainsi qu’aux autres défis qui émergent dans le monde », a-t-il insisté.

Prévue au premier semestre 2025, cette revue stratégique portera notamment sur la modernisation de la dissuasion nucléaire, le renforcement de la sécurité intérieure, la place du Royaume-Uni au sein de l’OTAN et la refonte des programmes d’équipements militaires.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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