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L’onde de choc à venir d’un effondrement du Liban sur la région

L’histoire du Liban est celle d’un paradis perdu, condamné à errer entre rêves brisés et luttes intestines. Ce pays, autrefois symbole de prospérité et de diversité culturelle, cette mosaïque de religions et de peuples, est aujourd’hui devenu le ventre mou du Moyen-Orient, s’enfonçant dans un chaos inextricable où peuples opprimés et capital arabe, réfugiés dans les années 1950 et 1960, n’y trouva que désolation. Chaque jour, ce pays du « miel et du vin », mentionné soixante-dix fois dans la Bible, se révèle trop petit pour absorber les malheurs de ses voisins et trop vulnérable pour endiguer les ambitions de ceux qui en font un champ de bataille.

Netanyahu : le manque de stratégie politique renforce le chaos

L’État hébreu se pose en rempart contre l’expansion du « croissant chiite » qui s’étend de Téhéran à Beyrouth, en passant par Bagdad, Damas et Sanaa. Mais derrière cette posture se cache une réalité pernicieuse : chaque frappe israélienne, chaque raid militaire, alimente un cycle de haine et de violence qui éloigne Israël de toute forme de sécurité durable. Ces actions enracinent une haine tenace parmi les survivants des familles décimées. Par ses représailles systématiques, Netanyahu cultive toute une génération d’ennemis jurés, déterminés à venger un jour leurs proches disparus. Leur avenir, forgé sous le fracas des explosions, ne laisse que peu de place à la paix. En attisant les braises de la haine, Netanyahu façonne déjà les combattants de demain. Dans le même temps, le Liban se prépare à connaître un bouleversement démographique sans précédent. Près d’un million de chiites fuient le Sud bombardé et rejoignent les deux millions de réfugiés syriens et les 400 000 Palestiniens, soit près de la moitié des habitants du pays. Cette marée humaine, mélange de personnes déplacées par la guerre et de réfugiés sur leurs propres terres, entraînera un « grand remplacement et déplacement », bouleversant le fragile équilibre communautaire, marginalisant encore davantage les chrétiens et mettant un État déjà à genoux.

Les désirs de vengeance nés dans les ruines de Gaza, Beyrouth ou Nabatiyeh vont s’étendre jusqu’aux diasporas juives du monde entier, perçues comme complices d’un État jugé oppressif. L’antisémitisme né en Europe au siècle dernier explose déjà et provoque le départ d’un nombre croissant de juifs européens vers… Israël en guerre ! L’État hébreu, qui se défend certes après les massacres du 7 octobre, paie déjà le prix économique de son isolement : perçu comme une forteresse assiégée, Israël voit s’effondrer son rêve de « Silicon Valley », avec 46 000 commerces fermés depuis. le 7 octobre et 60 000 d’ici la fin de l’année, tandis que les entreprises internationales hésiteront de plus en plus à s’associer à un pays devenu synonyme de conflit permanent. Netanyahu n’entrera pas dans l’histoire avec un retour rapide à la politique pour résoudre le conflit. Mais quelle autre solution ?

La stratégie du tout sécuritaire, déconnectée de toute dimension diplomatique, pourrait à terme aussi mettre en danger l’avenir d’Israël. Par son obstination à remodeler le Moyen-Orient uniquement par la force, « Bibi » se noie dans une hybris stratégique aussi dangereuse que vaine, répétant les erreurs américaines de l’après 11 septembre, où l’usage excessif de la force n’a fait qu’engendrer désordre et montée du terrorisme. . En tentant de « déhezbollahiser » le Liban, de renverser le régime iranien et de rallier l’Arabie saoudite par la persuasion, Netanyahu s’enlise dans une confrontation sans solution. Dans sa quête de sécurité immédiate, Netanyahu compromet dangereusement l’avenir de son pays et de sa diaspora, créant un cercle vicieux de haine et de vengeance dont personne, ni à Tel-Aviv ni ailleurs, ne sortira indemne.

Une « DMZ » au Moyen-Orient : utopie ou réalité ?

Face à l’incapacité de la communauté internationale à imposer une trêve durable, l’idée d’une zone démilitarisée (DMZ) entre le Liban et Israël, voire entre Israël et la Palestine, mérite d’être sérieusement explorée. Inspirée du modèle coréen, cette DMZ servirait de barrière de séparation entre « deux États », tout en garantissant la sécurité des civils grâce à un appui aérien dissuasif et des patrouilles de surveillance. L’incapacité des 11 000 casques bleus de la FINUL, réduits à de simples spectateurs depuis 1978, montre les limites d’un tel projet si leur mandat n’est pas modifié. Pour être efficace, une DMZ nécessiterait un mandat militaire fort, des moyens de dissuasion technologiques (drones, radars) et une force d’intervention capable de neutraliser toute violation, qu’elle soit émanant d’acteurs étatiques ou non étatiques.

Dans cette perspective, l’OTAN et les puissances européennes doivent jouer un rôle central. La France, investie d’une responsabilité historique envers le Liban, doit prendre les rênes d’une coalition internationale pour stabiliser son territoire levantin. Cette implication reste cependant inexistante, contrairement aux efforts massifs déployés par les pays occidentaux pour soutenir l’Ukraine. Alors que des milliards affluent dès les premières heures de l’invasion russe, le Liban, en proie à une crise existentielle, est négligé. Cette inaction souligne une hypocrisie flagrante : prompts à soutenir Kiev, les Européens détournent le regard du Liban. Les États arabes, pour leur part, observent en silence, Mohammed ben Salmane en tête, espérant qu’un Hezbollah affaibli leur évitera d’avoir à affronter directement l’Iran – ils préfèrent laisser Israël s’épuiser à faire le « sale boulot ». ‘, tout en se présentant comme des défenseurs de la cause palestinienne. Dans un tel contexte de calculs cyniques, une DMZ ne deviendrait réalité que sous la pression d’une action conjointe américano-française.

Quel avenir pour le Hezbollah ?

Depuis 1979, l’Iran se pose comme la nouvelle « Rome » du chiisme, étant la seule théocratie gouvernée par un religieux (avec le Vatican), instaurant la République islamique comme protectrice des musulmans opprimés et champion de la cause palestinienne. Sa branche armée au Levant, le Hezbollah, fondé en 1982, incarne cette mission régionale. Abandonnée par les pays sunnites las de la soutenir, la cause palestinienne est devenue le champ de bataille quasi sacré des combattants du Hezbollah, prêts à mourir en martyrs sur la « route de Jérusalem », comme les croisés d’autrefois. Cependant, le Hezbollah n’est pas qu’une simple extension de Téhéran : il tire sa légitimité d’un ancrage local profond. Près de 40 % des Libanais sont issus de la communauté chiite, créant un lien organique qui rend risquée toute tentative de l’affaiblir, car susceptible de déstabiliser l’équilibre précaire du Liban. Un effondrement désordonné du régime iranien pourrait transformer le Hezbollah en une milice sans maître ni direction politique, plongeant le Liban dans une seconde guerre civile. Pour éviter ce scénario, une « libanisation » progressive du Hezbollah apparaît bénéfique. Intégrer pleinement le Hezbollah dans l’appareil d’État libanais impliquerait l’intégration de cette milice redoutée dans l’armée nationale libanaise, afin que le gouvernement gouverne les décisions de paix ou de guerre. Cette évolution, bien qu’hypothétique à ce stade, pourrait même voir la nomination d’un officier chiite à la tête de l’armée, reflétant ainsi les réalités sectaires du pays. Toutefois, une telle normalisation nécessite au préalable un apaisement entre Téhéran et Tel-Aviv. Tant que les tensions persisteront, le Hezbollah restera avant tout un acteur militaire, pris dans l’étau de ses ambitions régionales et de ses aspirations locales.

Pour sortir de cette impasse, le Liban doit cesser d’être le pion sacrificiel des puissances étrangères et se réapproprier son destin. Plus qu’un simple soutien financier, il lui faut exode des cerveaux inversé : un retour temporaire d’une partie de sa diaspora, au nombre de 15 millions de personnes dispersées aux quatre coins du monde – entrepreneurs, experts militaires et intellectuels – pour reconstruire son armée, ses infrastructures et ses institutions politiques. Cette initiative devrait s’accompagner de la nomination d’un Haut-Commissaire à la reconstruction, chargé de coordonner le réaménagement des villages détruits et de garantir la coopération entre la diaspora, les autorités locales et les partenaires internationaux. L’affaiblissement du Hezbollah, même sans son éradication politique, pourrait ouvrir une fenêtre sans précédent pour reconstruire un État rééquilibré et véritablement représentatif. Si cette opportunité historique est saisie, le Liban pourrait enfin briser les chaînes de la dépendance, rompre avec l’image d’un pays en ruine et redevenir un modèle de résilience, de tolérance et de prospérité au cœur du Moyen-Orient. fracture. Car si l’Histoire enseigne que c’est souvent dans les moments les plus sombres que les hommes se réinventent, alors le Liban doit saisir cette chance pour renaître de ses cendres.