Les associations défendant le droit au logement et aux locataires ne cachent pas leur satisfaction. « Sur ce sujet, le programme du nouveau Front populaire reprend 80% de nos revendications les plus fortes » salue Eddie Jacquemart, président de la Confédération générale de l’habitat (CNL).
Ces propositions avancées par la coalition de gauche sur le logement « ne renversons pas la table, mais revenons sur les mesures négatives prises par les différents gouvernements Macron » résume Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre (FAP). Une ambition nécessaire après sept ans d’une politique dont la seule ambition était de faire des économies budgétaires et qui s’est traduite par une explosion du nombre de sans-abri, une hausse du prix des loyers, la stagnation de l’accès à la propriété et une construction en chute libre. Malgré quelques flous, le Front populaire s’engage à soutenir une nouvelle fois ce secteur qui constitue un droit essentiel et qui affecte comme aucun autre le niveau de vie en étant devenu le principal poste de dépense des ménages.
Des coups de pied aux planeurs
Symboliquement, la première mesure concernant le logement qui figure dans le programme de la gauche unie est une revalorisation de 10 % de l’APL, dès les quinze premiers jours de son arrivée au pouvoir. Une sorte de pied de nez au macronisme, dont l’une des décisions les plus controversées fut, dès l’été 2017, la réduction de ces aides destinées aux locataires les plus modestes.
C’est aussi une véritable bouffée d’oxygène pour les ménages confrontés à la hausse des loyers. La promesse d’une interdiction des coupures d’électricité est également bienvenue, ce qui soulagera tous ceux qui ne sont plus en mesure de faire face à la hausse des coûts. La mesure est saluée par la FAP qui la réclame depuis longtemps, mais regrette qu’une augmentation des chèques énergie ne soit pas également au programme.
Au-delà de cette aide d’urgence, le programme vise à « garantir le droit au logement ». Pour y parvenir, il promet de relancer la filière HLM, grâce à la suppression de la draination de 1,4 milliard d’euros par an mise en place depuis 2018. « Un élément très positif », juge Jean Batiste Eyraud, porte-parole du Droit au Logement (DAL) comme tous les acteurs du secteur. L’objectif de 200 000 logements sociaux par an « C’est un peu maximaliste, quand on est à 80 000, mais ça donne une direction et c’est très bien » tempère Manuel Domergue.
Le secteur privé également concerné
Il s’agit également de lutter contre la hausse des prix dans le secteur privé. Pour y parvenir, le contrôle des loyers déjà en vigueur dans certaines collectivités locales deviendrait obligatoire dans toutes les zones tendues, où la demande dépasse l’offre. « C’est une mesure positive mais on sait qu’elle ne permet pas de baisser les prix même s’ils sont beaucoup trop élevés » nuance le porte-parole du DAL. La baisse du prix des terrains, qui dans certaines localités correspond à plus de 50% du prix de la construction, est également une bonne nouvelle, même si les modalités de mise en œuvre restent à discuter.
En matière de protection des locataires, l’abrogation de la loi kasbarienne, qui criminalise l’occupation de locaux vides et facilite l’expulsion des locataires en retard de paiement, est à l’ordre du jour. Il existe également une interdiction des expulsions sans offre de relogement ou d’hébergement.
Là encore, des décisions saluées par le secteur associatif, voire les modalités d’application de certaines restent à préciser. « L’interdiction des expulsions sans relogement est-elle un objectif ou une contrainte législative ? » demande Manuel Domergue. Autre nouvel outil proposé par le Front populaire, une garantie universelle des loyers, qui facilite l’accès au logement pour ceux qui n’ont pas de garants. « Ce sont des avancées indéniables, mais nous aurions aimé voir incluse dans ces propositions la question de la protection des locataires, par rapport à la fraude, aux marchands de sommeil, etc. » regrette néanmoins Jean Batiste Eyraud, qui prône « la stabilisation du statut des locataires, qui tend à devenir de plus en plus précaire ».
Au-delà des mesures spécifiques concernant le logement, c’est la cohérence de l’ensemble du programme qui permet de constater une réelle amélioration du quotidien. « Si d’un côté on augmente les salaires, et de l’autre on gèle le prix des fluides et l’augmentation des loyers, on donne une vraie bouffée d’air aux gens », observe Eddie Jacquemart. Reste que pour le secteur associatif, satisfaction ne signifie pas chèque en blanc. « Nous saluons un programme qui fait avancer les choses, résume Jean Baptiste Eyraud. Mais en tout cas, le combat continue. ».
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