Divertissement

l’odyssée d’Abou Sangaré, interprète éblouissant primé à Cannes

Sangaré dans « L’Histoire de Souleymane », de Boris Lojkine.

Lorsqu’il lève les yeux de la tasse de thé qu’il tient, les yeux de Sangaré glissent délicatement sur vous. Non, il n’a toujours pas vu L’histoire de Souleymane, le long métrage de Boris Lojkine dans lequel il incarne le personnage principal. Pas sûr qu’il le veuille. « Peut-être à Cannes… » Le film y a été présenté le 19 mai dans la section Un certain regard. Vendredi 24 mai, il a reçu le Prix du Jury et celui de comédien, celui du meilleur acteur.

Ou l’histoire de Souleymane, un jeune Guinéen à Paris qui, en attendant d’obtenir sa demande d’asile, jongle entre vie de travailleur clandestin, main d’œuvre bon marché pour des applications de livraison à vélo, agitation des dortoirs dans une soupe populaire, arnaque quand cela est possible, vivre des nuits blanches. sur lesquels nous fermons les yeux tant qu’ils ne dérangent pas les nôtres.

Sangaré est mécanicien et vit à Amiens depuis six ans. La différence s’arrête là. Dans la vraie vie, l’acteur a le calme de son alter ego de cinéma, cette même résistance à la misère puisant sa force dans une résilience apaisée, apparemment inaltérable. En plein tournage, à l’angle de la rue de Châteaudun et de la rue de Maubeuge, à Paris, une dame tombe en panne avec sa voiture. Le réalisateur voit Sangaré poser son vélo, ouvrir le capot du véhicule, plonger dans le moteur, et expliquer à la dame comment rentrer chez elle avec des détails qui, dit Boris Lojkine, lui-même ne comprend rien techniquement… Comme son personnage, Souleymane, le jeune acteur qui attend lui aussi d’être régularisé, a la générosité des pauvres.

Abou Sangaré est né le 7 mai 2001 à Sinko, au sud-est de la Guinée. Habitat dispersé, climat tropical, rues en terre battue. Depuis l’indépendance, le pays a connu son lot de coups d’État et de bouleversements politiques dont, comme Souleymane, Sangaré ignore tout. Tout cela est loin de sa vie. Sa famille vit de cultures mixtes : riz, manioc, quelques bovins. Eh bien, sa famille… sa mère. Il ne connaissait pas son père, dont elle est la seconde épouse. Il a un frère aîné « qui va et vient », et une sœur qui a trouvé un mari à Conakry. Ils n’ont plus de contact.

« La maladie du diable »

A 7 ans, l’enfant n’est plus scolarisé mais travaille dans un garage. C’est parce que sa mère est malade. « La maladie du diable. » C’est le nom qu’ils lui donnent là-bas. Des crises d’épilepsie dont il ne connaîtra jamais l’origine : génétique, virale, tumorale ? C’est parce qu’ils n’avaient pas les moyens de l’hospitaliser qu’à l’âge de 15 ans il décida de «  spartir à l’aventure «  – quitter le pays pour, comme des millions d’autres avant lui depuis la création du monde, chercher fortune.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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