Locaux insalubres, draps couverts d’excréments, employés cramés : la colère gronde au Relais de Montans

Débordé par le nombre fulgurant de bénéficiaires, le Relais de Montans, l’un des trois centres pour demandeurs d’asile du Tarn, est au bord de la crise de nerfs. Les salariés dénoncent les conditions indignes dans cet hébergement de transition, d’urgence et de réinsertion. Ils viennent de faire grève.
Tout le monde le dit : la grève est extrêmement rare au Relais de Montans. « Mais cette fois, on n’en peut plus », disent les salariés. Et pour cause : 6 des 41 salariés sont en arrêt maladie. Les 3 hôtesses sont épuisées… ce qui pose problème pour la préparation des repas à la garderie.
« Quand on touche à la réception, ça nous fait réagir. Nous voulons un accueil digne, et c’est loin d’être le cas. Depuis plusieurs mois, nous n’avons plus aucun contact avec le directeur et le conseil d’administration. Nous avons envoyé une lettre le 16 mai. Nous n’avons toujours pas eu de réponse. »
La visite de l’infirmerie et d’une chambre au rez-de-chaussée est instructive. Le premier est une salle de stockage où se trouvent les compteurs d’électricité. La seconde dépasse l’imagination : des draps souillés d’excréments, de détritus en tous genres, de mouches… et toutes les odeurs qui vont avec. Un vrai dépotoir. Celui qui l’occupait après sa sortie de l’hôpital y fut réadmis. « Au moins, il aura une meilleure hygiène. D’autres qui sortent de prison disent que la prison d’Albi était plus confortable ».
Manque de personnel, manque de matériel, d’entretien, locaux insalubres : les grévistes vont jusqu’à parler de « maltraitance des habitants et des salariés ». Elles et ils demandent à être associés à la rédaction du projet institutionnel ainsi qu’à une convention collective. « C’est incroyable, mais nous n’en avons pas. » Le directeur, nommé fin 2022, répond que sa porte est toujours ouverte… mais qu’il n’a pas le pouvoir de créer des postes.
Explosion de demandeurs d’asile
Le financement de l’établissement dépend de deux administrations : la Direction de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations et l’ARS pour les Haltes Sanitaires. Le personnel objecte qu’un poste d’aide-soignant est financé mais n’est pas installé. Quant aux hébergements d’urgence pour demandeurs d’asile, ils sont débordés. « Il a été créé il y a sept ans pour 30 bénéficiaires. Aujourd’hui, nous sommes 6 éducateurs pour 129 migrants ». Ce nombre a doublé depuis l’année dernière.
Le Relais de Montans accueille des personnes au parcours de vie tourmenté, souvent avec des addictions. Le manque de moyens pèse sur le personnel, mais les 46 salariés disent souffrir d’un manque d’écoute qui s’apparente à un manque de reconnaissance. Jeudi en fin de matinée, le directeur a reçu une délégation du personnel.
Les salariés ont également été reçus par Luce Vidal Rozoy, directrice départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations. « Les dysfonctionnements ne sont pas liés aux demandeurs d’asile. C’est un problème de gestion et de gouvernance », explique le responsable de l’Etat. Par ailleurs, ajoute-t-elle, pour éviter toute confusion, « les demandeurs d’asile ne sont pas logés sur le site mais dans des appartements » et « le financement de l’Etat est proportionnel au nombre de personnes accueillies ».
Il y a deux ans, l’Etat avait demandé un audit du Relais de Montans, qui n’avait pas révélé de difficultés financières, mais un problème de gouvernance entre l’association qui gère l’établissement et son personnel. « La solution passe par la restauration du dialogue social, assure Luce Vidal Rozoy. Les services de l’Etat sont dans une logique d’accompagnement pour que les personnes accueillies soient dans des conditions satisfaisantes ».
Un lieu de réinsertion
Le Relais de Montans dispose de plusieurs services : l’hébergement d’urgence qui propose un hébergement de nuit ou de courte durée ; une « Stabilisation » de 6 places pour ceux qui sont passés par l’hébergement d’urgence mais qui ont un projet d’insertion ; un Placement Externe pour les sortants de prison ; des lits médicaux de sortie de soins pour les personnes nécessitant des soins mais ne disposant pas d’un logement stable ; la « Pension de famille », logement social sans limite de temps, appartements à Lisle-sur-Tarn pour personnes en réinsertion ; la garderie qui propose déjeuner, douche, écoute et qui dispose également d’un chenil ; le centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada), l’un des trois du Tarn ; un projet d’insertion sociale (maraîchage biologique et entretien des espaces verts).