Livret A, LEP, assurance vie… Que faire de l’épargne des Français ?
Les sommes conservées dans le coffre sont devenues si considérables que certains politiques souhaiteraient en diversifier l’usage. Imaginez, au total, le magot des Français (si l’on inclut les actions, les assurances-vie, les comptes épargne, les comptes courants, etc.) représente 6 000 milliards d’euros, soit deux fois le montant de la dette du pays. La seule épargne réglementée (Livret A, LDDS LEP et PEL) approche les 1 000 milliards.
Les idées abondent
Lors de la campagne législative, la députée verte Sandrine Rousseau s’est dite prête à « économiseurs de force » pour aider « reprendre le contrôle de la dette ». Une proposition qui n’a pas fait l’unanimité. Plus largement, « Utiliser l’expression « puiser dans ses économies » est extrêmement dangereux, car cela donne l’impression d’une dépossession. »souligne Philippe Crevel, directeur du cercle d’épargne.
Mais les idées ne manquent pas pour autant. Le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’Economie démissionnaire Bruno Le Maire imaginent plutôt une « Produit d’épargne européen (…) qui permettra de financer de grands projets sur la transition climatique, l’IA ou la Défense ». Un projet difficile à mettre en œuvre politiquement mais qui peut s’appuyer sur les 35 000 milliards d’euros d’épargne européenne, selon le Cercle des économistes.
Le Rassemblement national (RN) travaille de son côté « un produit financier destiné aux secteurs stratégiques tels que les grands projets d’infrastructures. »
Un projet pour financer l’armée
Emmanuel Macron et Bruno Le Maire s’étaient en revanche montrés réticents à autoriser l’épargne du Livret A à financer l’armée lors de l’émergence d’une loi à l’Assemblée nationale en mars 2024, avant d’être rejetés par les présidents de groupe. Mais toucher à ce magot est-il une bonne idée ? « Les économies d’aujourd’hui ne sont pas un coffre-fort, sauf celles placées sous le matelas, rappelle Philippe Crevel. Le Livret A finance le logement social à 60% via la Caisse des Dépôts, et les PME à 40% via les banques. Et l’Etat se finance via les fonds d’épargne et l’assurance-vie.
En effet, ces produits financent près de la moitié de la dette souveraine de la même manière que les comptes courants des particuliers participent aux prêts accordés par les banques. « on peut considérer que les ménages ont trop d’argent et vouloir les taxer, en imposant plus d’impôts, mais toute augmentation de l’assurance-vie tombe assez malrappelle Philippe Crevel. C’est un débat qui existait déjà dans les années 70.