«Ils devront tout simplement payer beaucoup plus», a souligné le Kremlin, qui envisage de faire transiter son gaz par la Turquie.
Dmitri Peskov à Moscou, Russie, le 8 mai 2024. ( POOL / EVGENIA NOVOZHENINA )
A partir du 31 décembre 2024, le gaz russe ne pourra plus transiter par l’Ukraine, Kiev ayant décidé de ne pas prolonger le contrat actuel avec Gazprom pour fournir du gaz russe aux Européens. Une décision qui « portera gravement préjudice aux intérêts des consommateurs européens », a déploré le Kremlin mercredi 28 août.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été catégorique mardi : « Personne ne prolongera l’accord avec la Russie, c’est fini. » Malgré le conflit en cours,
La Russie a livré un peu plus de 14 milliards de mètres cubes de gaz à l’Europe en 2023
via le territoire ukrainien, moins des 40 milliards de m3 prévus dans le contrat. Les bénéficiaires sont notamment l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie.
« Une telle décision de l’Ukraine porterait gravement préjudice aux intérêts des consommateurs européens qui veulent encore acheter du gaz russe », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Ils devront tout simplement payer beaucoup plus, ce qui rendra leur industrie moins compétitive », a-t-il déclaré, rappelant que Moscou avait entamé des discussions avec la Turquie pour y créer à terme « un hub gazier ». Le contrat entre les sociétés ukrainiennes Natfogaz et GTSOU avec Gazprom a été signé fin 2019 pour une durée de cinq ans, jusqu’au 31 décembre 2024.
La solution azerbaïdjanaise ?
Début juillet, Volodymyr Zelensky avait indiqué que son pays était en discussion avec l’Azerbaïdjan, important producteur de gaz naturel, pour remplacer le gaz russe transitant par l’Ukraine vers l’Europe par du gaz azerbaïdjanais. Or, l’Ukraine ne partage pas de frontière avec l’Azerbaïdjan, et le gaz azerbaïdjanais devrait toujours être transporté par gazoduc via la Russie. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev avait révélé fin juillet que l’UE et Kiev l’avaient « approché » pour « faciliter » les discussions avec Moscou et parvenir à un accord qui conviendrait à toutes les parties.
En représailles au lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022,
L’Union européenne a déclaré qu’elle souhaitait se libérer de tout gaz naturel russe d’ici 2027.
Pour anticiper la baisse drastique de ses livraisons de gaz à l’Europe, la Russie s’est tournée vers la Chine.
L’annonce officielle de Zelensky est intervenue alors que son armée lançait une offensive majeure dans la région russe de Koursk le 6 août.
Kiev a annoncé avoir pris le contrôle de la ville de Soudja, où se trouve une importante station de mesure de gaz, seul point d’entrée du gaz russe vers le réseau de gazoducs ukrainiens à destination de l’Europe. L’autre point d’entrée, à Sokhranivka (est), est bloqué depuis que Kiev a déclaré un cas de « force majeure » en mai 2022.