L’Italie de Luana et Alessandro Belmondo, un album d’Alice Coltrane, la réouverture du MAM de Troyes… La semaine culture de Madame Figaro
Un documentaire, un album, une exposition : les incontournables à voir et à écouter recommandés par la rédaction cette semaine.
La petite cuisine des Belmondo
L’amour des bons produits et de la bonne cuisine est inscrit dans l’ADN du clan Belmondo. Le légendaire Jean-Paul chérissait les repas dominicaux en famille, Luana, sa belle-fille, est une cuisinière accomplie et médiatique, auteur de nombreux livres, et Alessandro, le petit-fils de l’acteur, officie au restaurant Caillebotte à Paris. Curieux de découvrir sa terre d’origine, le chef s’est lancé avec sa mère dans un voyage gastronomique de l’autre côté des Alpes. Dans le documentaire Belmondo, le patrimoine italien, sur Canal+ Docs, le duo voyage de Sicile à Rome, de Venise à la Toscane, pour découvrir les produits et plats locaux (pistaches, ricotta, vin, soupe acquacotta…) et évoque en filigrane l’histoire de la famille (la passion automobile de Paul, vacances en famille à Capalbio, goûters d’enfance de Luana, etc.). Aussi généreuse que ses guides, cette histoire est présentée dans La Nostra Italieun beau livre agrémenté de recettes inédites, qui propose un itinéraire gourmand et sentimental écrit par mère et fils. ML
Belmondo, le patrimoine italienLe 13 avril à 21h, sur Canal+ Docs, et sur myCanal. La Nostra Italiede Luana et Alessandro Belmondo, Éditions Solar Cuisine, 200 p., 27 €.
Le jazz mystique d’Alice Coltrane
Ces dernières années, la légende d’Alice Coltrane, la veuve de John, s’est développée : elle a été redécouverte dans les années 1990 et 2000 par une génération de musiciens qui voyaient une grande modernité dans la transe de sa musique. En quête constante, sa musique explore mieux que personne le genre que son mari avait balisé, mais y ajoute des influences extérieures, notamment la musique indienne, dont elle se prend rapidement d’affection – elle s’y consacrera d’ailleurs pleinement à la fin des années 1970. , ouvrant même un ashram en Californie. Mais en 1971, date de ce concert mythique durant lequel elle était accompagnée de saxophonistes de renom, des compagnons de voyage de son mari, Archie Shepp et Pharoah Sanders, mais aussi de musiciens indiens, son art est en transition : s’appuyant pleinement sur un milieu plutôt libre, il commence se tourner vers l’hypnose et les répétitions indiennes et orientales. Cette même année 1971, elle séjourne plusieurs mois en Inde… La force d’Alice Coltrane, pianiste émérite, harpiste de haut vol et surtout chef de groupe hors pair, réside dans l’équilibre qu’elle maintient entre les différentes forces et forces musicales. influences qui peuplent tout au long de ce concert ce qu’elle déploie sonorement : elle joue sur la fragilité même de la matière musicale. Surtout, elle parvient à trouver le juste équilibre entre une puissance venue tout droit des entrailles de John Coltrane et la mélancolie irréductible qui semble la retenir à chaque instant : la moitié du concert est composée de morceaux de son mari, comme un souvenir qui ne cesse de revenir, au milieu des sons, au cœur de la musique. JG
Le concert du Carnegie HallImpulsion!
Le MAM de Troyes dans les règles de l’art
Le 16 avril, le Musée d’Art Moderne de Troyes rouvre ses portes. Après quatre années de travaux, il a été rénové avec une nouvelle scénographie, de nouvelles salles et un nouveau jardin agrémenté de sculptures. Inauguré en 1982 par François Mitterrand et Jack Lang, le MAM, installé dans l’ancien palais épiscopal, a été construit aux XVIe et XVIIe siècles. Musée de collection, il abrite la donation faite à l’État en 1976 de plus de deux mille œuvres du couple Pierre et Denise Lévy. « Mon ambition simple est que le visiteur comprenne qu’une collection se fait avec le cœur », affirme Pierre Lévy, qui est à la tête d’un empire industriel textile dont fait partie la marque Lacoste, ajoutant que « nous ne pensons pas que gagner de l’argent n’est pas amusant. Il faut chercher autre chose. » Ce sera de l’art, pour celui qui dessine et caricature lui-même, et dont l’épouse, Denise, prend des cours auprès de l’artiste Maurice Marinot, dessine aussi. Le nouveau parcours commence avec les réalistes (Edgar Degas, Auguste Rodin, Gustave Courbet, etc.). Suivent l’impressionnisme et le postimpressionnisme, Paul Gauguin et les Nabis (Pierre Bonnard, Maurice Denis, Félix Vallotton…), les Fauves (Henri Matisse, André Derain, Raoul Dufy…), la leçon de Cézanne (« Avec une pomme, je vouloir épater Paris »), la révolution cubiste (Juan Gris, Jean Metzinger, Julio González…), la première école de Paris (Soutine, Modigliani), la deuxième école de Paris… A cela s’ajoutent des personnalités comme Bernard Buffet ou Balthus. Le fil rouge ? La question de la modernité dans l’art. CL
Musée d’Art Moderne, 14, Place Saint-Pierre, à Troyes. musee-troyes.com/musee-dart-moderne-de-troyes/