L’Irlande et l’Espagne s’apprêtent à reconnaître conjointement l’État de Palestine
Depuis la mi-mars, les contacts entre l’Espagne et l’Irlande se sont intensifiés, en vue d’une reconnaissance commune de la Palestine en tant qu’État. La date prévue du 21 mai vient d’être reportée afin de permettre à d’autres pays de se joindre à cette reconnaissance.
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Parmi les 193 membres de l’ONU, 50 pays continuent de refuser de reconnaître la Palestine. Pourtant, nombreux sont ceux qui soutiennent « la solution à deux États » pour mettre fin au conflit avec Israël. En 1947, le plan de partition de l’ONU pour la Palestine, alors sous mandat britannique, prévoyait un État juif (sur 55 % du territoire) et un État arabe (sur 45 %), à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce plan a été rejeté par la partie arabe. La fin du mandat britannique sur le territoire, le 14 mai 1948, marque la création de l’État d’Israël, et le reste du territoire s’allie alors aux pays arabes environnants pour mener une série de guerres contre ces nouvelles frontières.
Aujourd’hui, un grand nombre de membres de l’ONU reconnaissent un État palestinien, mais cela ne concerne ni l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada), ni l’Europe occidentale, hormis la Suède et l’Islande. Mais l’idée gagne de plus en plus de terrain en Occident, l’Irlande et l’Espagne en tête. Les pays se sont rapprochés sur ce sujet et Simon Harris, le Premier ministre irlandais, a rencontré récemment son homologue espagnol Pedro Sanchez à plusieurs reprises. Les deux gouvernements ont même envisagé mardi 21 mai de reconnaître conjointement la Palestine. Cette date semble avoir été repoussée, mais uniquement pour permettre à d’autres pays de les rejoindre dans ce processus.
L’Irlande et son identification à un pays dominé par son voisin
L’Irlande est depuis longtemps à l’avant-garde de la lutte pour les droits des Palestiniens. Depuis le 7 octobre 2023, les manifestations dans le pays pour un cessez-le-feu ne faibliront pas. L’identification à la cause palestinienne n’a jamais été aussi forte et l’Irlande semble donc, peut-être avec l’Espagne, un peu à part en Europe. Leo Varadkar, l’ancien Premier ministre, a été le premier en Europe à critiquer les bombardements israéliens, exprimant son inquiétude dès novembre. « une action proche de la vengeance ».
En fait, les cicatrices de la colonisation britannique sont encore douloureuses en Irlande, ce qui alimente le sentiment d’une histoire partagée avec la Palestine. La reconnaissance formelle de la Palestine en tant qu’État constitue donc, pour beaucoup, une première étape essentielle vers la réalisation d’une solution à deux États. Aujourd’hui, certains espèrent même que l’Irlande pourra servir de modèle de paix.
L’Irlande elle-même est divisée en deux, avec la République d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord. Au cours de la période dite des « Troubles », plus de 3 500 personnes ont perdu la vie, comme l’explique l’avocat Gary Daly : « Nous avons traversé notre propre conflit, nous avons traversé l’occupation. Nous avons traversé la colonisation, nous savons tout cela. Le processus de paix dans le Nord est imparfait, l’Accord du Vendredi Saint est imparfait, mais il s’est terminé par une guerre. « . Cet Accord du Vendredi Saint, signé en avril 1998, a mis fin à 30 années d’hostilités et de troubles sanglants.
L’Espagne, terrain historique du processus de paix entre la Palestine et Israël
En Espagne, le chef du gouvernement, Pedro Sánchez, défend également depuis des mois la reconnaissance officielle de l’État palestinien, envers et contre tout. La cause palestinienne est un sujet de longue date dans un pays où, depuis le retour de la démocratie en 1975, les différents gouvernements espagnols entretiennent de bonnes relations avec les autorités palestiniennes. C’est également là que s’est tenue en octobre 1991 la Conférence de Madrid entre l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et l’ancien président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat.
La position de Pedro Sánchez s’inscrit donc dans cette tradition, à savoir l’engagement de l’Espagne en faveur d’une solution durable pour la paix entre la Palestine et Israël, qui implique la reconnaissance officielle de l’État palestinien. Cette reconnaissance est d’ailleurs un engagement historique de Pedro Sánchez depuis 2015. Elle apparaît également dans l’accord de coalition, signé en 2023, entre les socialistes espagnols et la coalition de gauche Sumar.
Depuis la réponse israélienne aux attentats du Hamas du 7 octobre 2023, le chef du gouvernement espagnol est également l’une des voix les plus critiques en Europe sur le sort réservé aux civils palestiniens : « C’est une catastrophe humanitaire qui nous frappe tous, et qui ne peut laisser indifférente la communauté internationale, et encore moins l’Europe. N’est-il pas dans l’intérêt de l’Espagne et de l’Europe que nous parvenions à la paix et à la coexistence pacifique et que nous apportions enfin une solution à une crise, comme celle que nous vivons à Gaza, qui a fait plus de 30 000 morts. Nous allons donc prendre cette mesure, lorsque les circonstances le permettront.
La reconnaissance de l’État palestinien par l’Espagne était imminente et a été reportée, afin de se coordonner avec d’autres pays et de procéder à une reconnaissance commune. Pedro Sánchez a mené une série de contacts en Europe ces derniers mois pour promouvoir une solution diplomatique au conflit israélo-palestinien. Il devrait révéler la date de reconnaissance de l’État palestinien par l’Espagne mercredi 22 mai au matin, lors de sa comparution devant le Congrès des députés.