L’Iran et la Suède ont annoncé samedi un échange de prisonniers avec la libération de deux Suédois dont un diplomate de l’Union européenne et celle d’un ancien haut responsable iranien.
Les prisonniers libérés devaient rentrer dans leur pays, via Mascate, la capitale du sultanat d’Oman, qui a servi d’intermédiaire dans les négociations entre Stockholm et Téhéran, selon l’agence de presse omanaise ONA.
Cet échange intervient trois jours après la libération du Français Louis Arnaud, détenu en Iran depuis septembre 2022.
Téhéran détient toujours huit citoyens européens. Leurs partisans clament leur innocence et les ONG les considèrent comme des « otages » utilisé pour obtenir la libération des Iraniens détenus à l’étranger. L’Iran affirme qu’ils sont détenus en vertu d’une décision de justice.
La Suède a annoncé la libération de Johan Floderus, un diplomate de l’UE détenu en Iran depuis avril 2022, accusé d’espionnage et qui risquait la peine de mort, et de Saeed Azizi, arrêté en novembre 2023.
Ils sont dans l’avion « et retrouveront enfin leurs proches » en Suède, a accueilli le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson.
Il n’a pas divulgué les termes de l’échange mais l’a décrit comme « difficile » les décisions prises par son pays.
Après sa libération, le père de Johan Floderus, Matts Floderus, a déclaré à l’agence de presse suédoise TT que la famille « était bien sûr très heureuse ».
A Téhéran, le président du Haut Conseil iranien des droits de l’homme, Kazem Gharibabadi, a annoncé presque au même moment la libération d’Hamid Noury, un ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire.
« Noury, illégalement détenu en Suède depuis 2019, est libre »il a dit.
Cet Iranien de 63 ans a été arrêté en 2019 à Stockholm puis condamné à la prison à vie pour son rôle dans les exécutions massives d’opposants ordonnées par Téhéran en 1988.
Hamid Noury est arrivé à l’aéroport de Téhéran en fin d’après-midi où il a été accueilli par des membres de sa famille ainsi que des responsables, dont M. Gharibabadi, selon des images de la télévision d’Etat.
Il a remercié les responsables et le peuple iraniens pour sa libération et a appelé « des traîtres qui ont vendu leur pays »les Moudjahidine du peuple iranien (MEK), un mouvement d’opposition en exil, interdit en Iran.
A Paris, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI, vitrine politique des Moudjahidine du peuple), a estimé que la libération d’Hamid Noury était « honteux et injustifiable ».
Pour Mahmood Amiry Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège, la libération de M. Noury « marque un chapitre honteux dans l’histoire du gouvernement suédois ».
Selon le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, la libération de Noury souligne « la puissance de la diplomatie iranienne (…) ».
Le dossier des prisonniers a fortement tendu ces dernières années les relations entre la Suède et l’Iran, qui exigeait la libération d’Hamid Noury et critiquait un procès biaisé.
M. Noury a été arrêté en 2019 à l’aéroport de Stockholm, où des opposants iraniens affirment l’avoir trompé pour permettre son arrestation, rendue possible par l’extraterritorialité des crimes les plus graves selon la loi suédoise.
Il a été condamné en juillet 2022 à la réclusion à perpétuité pour « crimes aggravés contre le droit international » Et « meurtres »une première au monde pour de tels faits.
Les groupes de défense des droits de l’homme estiment qu’au moins 5 000 prisonniers ont été exécutés en Iran au cours de l’été 1988 dans le cadre de condamnations massives prononcées par « comités de la mort ».
« Après 1 680 jours de captivité, les efforts de nos dirigeants efficaces et zélés ont payé »a salué le fils de l’ex-détenu, Majid Noury, le X.
Selon Ulf Kristersson, Téhéran aurait fait de Floderus et Azizi « des pions dans un jeu de négociation cynique, dans le but de libérer Hamid Noury ».
M. Floderus a été arrêté le 17 avril 2022 à l’aéroport de Téhéran alors qu’il rentrait chez lui après un voyage en Iran. Il a été accusé de « la corruption sur terre »l’un des crimes les plus graves commis en Iran et passible de la peine de mort, pour avoir prétendument conspiré avec Israël, l’ennemi juré de Téhéran.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, se sont félicités de sa libération.
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