L’Irak envisage d’abaisser l’âge du consentement des filles à 9 ans
En Irak, un projet de loi, défendu par une coalition de partis musulmans chiites, vise à modifier radicalement la législation relative au statut personnel, en abaissant l’âge légal du consentement de 18 à 9 ans. Ces changements permettraient les mariages d’enfants, une perspective dénoncée par les défenseurs des droits humains qui accusent le gouvernement de vouloir légaliser le viol d’enfants « , et affecterait également d’autres droits fondamentaux des femmes, comme le droit au divorce, à la garde des enfants et à l’héritage. Les mouvements conservateurs à l’origine du projet estiment que cette réforme, qui s’inscrit dans une interprétation stricte de la charia, protégerait les jeunes filles des » relations immorales », comme le rapporte Le télégraphe.
Cette initiative a toutefois suscité de vives protestations de la part des militants des droits des femmes et des experts du Moyen-Orient. » L’amendement violerait non seulement tous leurs droits, mais il les effacerait », a dénoncé Sarah Sanbar de Human Rights Watch auprès du journal britannique. Renad Mansour, chercheur à Chatham House, a également souligné entre ces colonnes que la réforme est « stratégique » pour les partis chiites, souhaitant renforcer leur ascendant en mettant l’accent sur leur légitimité religieuse, déjà affaiblie ces dernières années.
« Annuler le principe de l’égalité devant la loi »
Des manifestations organisées par la Coalition 188, un groupe féministe irakien, ont eu lieu pour dénoncer le projet. Athraa Al-Hassan, une voix féministe influente, a exprimé Le télégraphe son « peur » de voir le système judiciaire irakien remplacé par un modèle inspiré de la tutelle du juriste, un cadre juridique chiite accordant au conseil religieux un « pouvoir absolu « . Ce modèle, déjà en vigueur en Iran, pourrait démanteler les droits civiques acquis par les femmes irakiennes et exposer les jeunes filles à une violence et une exploitation accrues.
En outre, cette loi pourrait exacerber les divisions sectaires en Irak, pays déjà marqué par des conflits internes depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Les amendements proposés donnent aux musulmans le choix entre le droit laïc actuel et le droit religieux propre à leur croyance, mais dans le En cas de conflit familial, c’est la loi de la religion du mari qui prévaudra », annuler le principe de l’égalité devant la loi « , comme l’explique Sarah Sanbar.
» Le Parlement irakien doit rejeter ces changements dangereux et s’efforcer plutôt de remédier aux failles lamentables du Code pénal, qui permet d’invoquer « l’honneur » comme circonstance atténuante dans les cas de meurtre de femmes et de filles, et autorise les châtiments corporels du mari sur son mari. femme et enfants, et ne punit pas le viol conjugal », a appelé Amnesty International dans un communiqué.