liquidations judiciaires en hausse de 32%, les entreprises en ébullition
« Dégradation importante de l’activité des entreprises, notamment des commerces et cafés, hôtels, restaurants », forte hausse des poursuites judiciaires, tribunal de commerce débordé… L’économie girondine est dans une situation préoccupante en fin d’année 2024. C’est ce qui ressort du dernier baromètre. réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux-Gironde (CCI) dont les résultats ont été dévoilés ce lundi 21 octobre.
« La situation est alarmante pour l’économie de la Gironde, et notamment pour le commerce, les cafés, l’hôtellerie et la restauration. Ce sont les trois secteurs qui souffrent le plus, a expliqué Patrick Seguin, président de la CCI. On constate une forte augmentation des procédures ouvertes au tribunal de commerce : 1 666 procédures sur les trois premiers trimestres 2024, contre 1 574 pour l’ensemble de l’année 2023. »
Baisse du chiffre d’affaires
« Les juges du tribunal de commerce sont saturés, les procédures prennent du retard car ils ne sont pas en mesure de traiter tous les dossiers », ajoute Patrick Seguin. En regardant un peu plus dans le détail, on constate une baisse du chiffre d’affaires « dans tous les secteurs », et particulièrement le commerce (-31%) et les cafés, hôtels, restaurants (-32%). La CCI a réalisé une étude plus ciblée sur le commerce du centre-ville de Bordeaux, selon laquelle se conjuguent contraction de la demande, inflation persistante et baisse du pouvoir d’achat.
« Certains commerces sont fermés depuis plus de deux ans, c’est le signe que quelque chose ne va pas »
Un autre indicateur qui reflète cette crise est la vacance des locaux commerciaux : 10,5% en 2024, alors qu’elle ne dépasse pas 6% depuis des années. « Certains commerces sont fermés depuis plus de deux ans, c’est le signe que quelque chose ne va pas », a déclaré un responsable de la CCI. Lequel table sur une augmentation de 30 à 40 % des ouvertures de procédures pour les entreprises en justice fin 2024.
« Décisions politiques »
Dans ce contexte, la chambre consulaire déplore les « décisions politiques qui nous mettent devant le fait accompli ». Deux dossiers sont dans le viseur de Patrick Seguin : le projet de déplacer l’amarrage des navires de croisière en aval du pont Chaban-Delmas et la mise en place du réseau ReVE (pistes cyclables sécurisées du réseau vélo express) par la Métropole.
Le premier aurait un impact sur une activité touristique aux retombées importantes (estimées à 20 millions d’euros). Plusieurs voyagistes ont déjà indiqué qu’ils abandonneraient l’escale bordelaise s’ils ne pouvaient plus accoster en centre-ville. Les associations de commerçants ont également exprimé leur inquiétude.
Concernant le réseau ReVE (272 kilomètres pour 14 lignes), c’est la suppression de 210 places de stationnement sur l’axe Saint-Seurin/banlieue qui inquiète. Patrick Seguin ne rejette pas d’emblée ces deux projets mais il estime que le monde économique devrait être impliqué plus en amont. «Il ne faut pas non plus faire d’annonce avant que des études approfondies n’aient été réalisées. Il faut comparer les solutions financièrement et techniquement», estime le président de la CCI.