L’intervention d’Emmanuel Macron relance le débat sur le temps de parole
Il faut sauver la soldate Valérie Hayer, et le couple exécutif y travaille dur. Le chef de l’Etat et son Premier ministre multiplient les interventions pour tenter de relancer la campagne de leur tête de liste aux élections européennes, en difficulté dans les sondages, au grand désarroi des oppositions qui dénoncent un mélange des genres.
Dans le cadre des commémorations du Débarquement, le président de la République Emmanuel Macron sera l’invité du JT de 20 heures de TF1 et de France 2, jeudi 6 juin, trois jours avant l’élection. Lundi 3 juin, c’est Gabriel Attal qui est arrivé sur scène lors d’un entretien avec son candidat sur Franceinfo, monopolisant le micro pendant plusieurs minutes.
#EUROPÉEN 🔴🗣 Le Premier ministre Gabriel Attal fait irruption dans l’auditorium de la Maison de la radio, pour défendre la candidature de Valérie Hayer. « Il faut se mobiliser pour des listes pro-européennes », plaide-t-il. pic.twitter.com/B8tpjjPbwT
-franceinfo (@franceinfo) 3 juin 2024
Les intrusions répétées d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal dans la campagne indignent les oppositions. « Est-il normal qu’en pleine campagne, il y ait une telle confusion des rôles, et que l’exécutif passe son temps à saturer l’espace médiatique ? », a demandé la tête de liste Les Républicains François-Xavier Bellamy. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a regretté, à propos de l’entretien avec Emmanuel Macron jeudi, que le président puisse « faire campagne à un moment où personne ne pourra lui répondre ».
Les oppositions s’emparent d’Arcom
Le chef des Républicains Éric Ciotti a annoncé que son parti allait contacter le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, pour exiger que l’intervention présidentielle soit comptée comme temps de parole de la liste Renaissance, comme il l’avait fait après son discours sur l’Europe du 25 avril. La candidate « insoumise » Manon Aubry a indiqué que son parti ferait de même.
« Le président de la République peut parler quand il veutestime le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier. Il le fera le 6 juin, soit trois jours avant le vote européen, mais aussi le 80e anniversaire d’un événement historique. Dans ce contexte, c’est parfaitement légitime. » Le chef de l’Etat envisage néanmoins de parler des élections européennes. « Son temps de parole sur ce sujet doit être pris en compte par l’Arcom et doit donner lieu à un temps de parole, défini selon le principe d’équité, pour les autres candidats », précise le professeur de droit public à l’université de Lille. Alors, poursuit Jean-Philippe Derosier, « d’un strict point de vue juridique »son intervention sera « dans les ongles ».
Principe d’équité
Le principe d’équité, observé pendant une période de huit semaines avant le scrutin, se distingue de la stricte égalité du temps de parole appliquée pour la campagne présidentielle, difficilement applicable pour une élection à 38 listes candidates. Selon cette équité, les chaînes de radio et de télévision doivent accorder à chaque liste et à ses partisans un temps de parole proportionnel à son importance dans l’élection. Cette importance est calculée, par les médias concernés, selon les « représentativité » listes (résultats obtenus lors du dernier scrutin et place dans les urnes) et leur impact sur la campagne.
Déjà saisie lors du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne fin avril, l’Arcom a finalement décidé de la compter dans son « intégralité » du temps de parole de campagne, estimant que si ses propos « n’a pas exprimé de soutien explicite à la liste conduite par Mme Valérie Hayer (…)ils présentaient néanmoins un lien direct avec l’élection ».