L’intention « génocidaire » de la Russie pointée du doigt par l’Europe au 965ème jour du conflit
Avez-vous manqué les derniers événements sur la guerre en Ukraine ? 20 minutes fait le point pour vous chaque soir. Entre les déclarations fortes, les avancées sur le front et les résultats des combats, voici l’essentiel de ce mardi, 965ème jour de guerre.
Fait du jour
La Russie, qui pille ou « détruit » de nombreux sites historiques, cherche à « effacer l’identité historique et culturelle de l’Ukraine », a déclaré mardi le Conseil de l’Europe, dénonçant « l’intention génocidaire de Moscou ». L’organisation continentale a déploré « les attaques continues de la Fédération de Russie contre des sites du patrimoine culturel en Ukraine, en violation du droit international humanitaire ».
« Étant donné que plus d’un millier de sites culturels ont été endommagés ou détruits depuis le début de la guerre, le Congrès a souligné que le ciblage et le pillage de sites culturels semblaient refléter une politique systématique visant à effacer l’identité historique et le patrimoine culturel de l’Ukraine, à l’instar de « intention génocidaire », insiste encore la déclaration adoptée mardi.
La Russie faisait également partie du Conseil de l’Europe, mais en a été exclue en mars 2022, quelques semaines après son agression contre l’Ukraine.
« La Fédération de Russie doit verser des indemnisations pour les dommages causés au patrimoine historique, culturel et religieux », réitère le Conseil de l’Europe, qui a établi début avril un Registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
La déclaration d’aujourd’hui
» « Alexei (Moskaliov) est en liberté. Il se sent plus ou moins bien, il a enfin pu voir sa fille. Ils rentrent chez eux et vivront à nouveau ensemble. » »
Les mots ont été signés ce mardi par l’avocat d’Alexeï Moskaliov. Ce père, séparé de sa fille pour un dessin dénonçant l’offensive russe en Ukraine et reconnu coupable d’avoir « discrédité » l’armée, a été libéré mardi après avoir passé 19 mois en détention. L’affaire, devenue l’un des symboles de la répression des voix critiques à l’égard du conflit en Ukraine, a choqué la société russe.
L’ONG OVD-Info, spécialisée dans la surveillance de la répression et déclarée « agent étranger » par les autorités, a diffusé une vidéo des retrouvailles de ce père avec sa fille de 14 ans, Maria, en larmes, à la sortie du camp numéro 1. 6 à Novomoskovsk, dans la région de Toula, au sud de Moscou.
Peu après son arrivée au camp pénal, Alexeï Moskalyov affirme avoir été placé dans une cellule disciplinaire où il a passé deux mois. « Une véritable cellule de torture », dit-il.
Alexeï Moskalev a attiré l’attention des autorités lorsque sa fille a dessiné en classe un dessin montrant des missiles russes se dirigeant vers une femme et un enfant près d’un drapeau ukrainien. Le directeur de l’école a contacté la police, qui a découvert des messages du père sur les réseaux sociaux critiquant l’offensive russe. Cet homme a été immédiatement séparé de sa fille, puis condamné en mars 2023 à deux ans de prison pour avoir « discrédité » l’armée russe.
Le numéro du jour
Un mort et 16 blessés. C’est le résultat d’une série d’attentats nocturnes russes qui ont touché la ville méridionale de Mykolaïv, ont annoncé mardi les services d’urgence ukrainiens. « Une femme a été tuée et 16 personnes ont été blessées suite à une attaque de missile ennemi », ont indiqué les services de secours (DSNS) sur leur compte Telegram.
La zone ciblée par les bombardements est un « quartier résidentiel de la ville » où se sont déclarés des incendies, selon la même source.
Mykolaïv, située à un peu plus de 50 km du fleuve Dniepr, qui constitue la ligne de front entre les armées ukrainienne et russe dans cette zone, est cependant restée relativement épargnée par les attaques des forces moscovites depuis la reconquête de la grande ville par Kiev. Kherson voisine en novembre 2022.
La tendance
Après les tensions sur les céréales et les blocus frontaliers, c’est un différend qui trouve ses racines dans la Seconde Guerre mondiale et qui refait surface avec force entre Kiev et Varsovie, alliés contre Moscou, sur fond de candidature de l’Ukraine à l’Union européenne.
La Pologne réclame en effet de toute urgence l’exhumation des victimes des « massacres de Volhynie », la région orientale de l’Etat polonais avant 1939, aujourd’hui ouest de l’Ukraine. Entre 1943 et 1945, quelque 100 000 civils de la minorité polonaise y furent tués, selon Varsovie, par les nationalistes de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). Un « génocide » que la Pologne commémore chaque année.
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Soulignant « l’importance pour les Polonais d’allumer une bougie sur les tombes de leurs proches décédés », le président de la chambre basse du Parlement polonais, Szymon Holownia, a rappelé début octobre au chef de la diplomatie ukrainienne que « pour ce faire, il est essentiel que nous sachions où ils sont enterrés. Et le ton monte à l’approche du 1er janvier, date à laquelle la Pologne assumera la présidence de l’Union européenne (UE).
Kiev craint que Varsovie ne pèse ce différend contre l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, pour laquelle elle espère une procédure accélérée, a déclaré à l’AFP une source au sein de la présidence ukrainienne.