L’insulte de Fanny Ardant aux victimes de violences sexuelles – Libération

Dans une longue interview accordée au magazine d’extrême droite « Causeur », l’actrice réitère son soutien à Roman Polanski. Non contente de défendre « l’honneur du réalisateur », elle alimente le stigmate associé au mot « victime ».

L’insulte est frontale et clignote en aplat bleu à la Une du magazine Parleur : le mouvement #MeTooCinéma serait un « Fête des idiots ». Dans les pages, Fanny Ardant ne se contente pas de venir défendre « l’honneur de Roman Polanski », accusée de violences sexuelles par une dizaine de femmes, mais elle tourne allègrement, avec le soutien de la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris – auteur d’un ouvrage défendant le réalisateur –, sur les victimes de violences sexuelles. Fanny Ardant insulte indirectement, en tandem avec la rédaction du magazine, les 160 000 enfants et 217 000 femmes victimes chaque année (1).

« Je n’ai jamais voulu être une victime » déclare fièrement celle qui apparaît dans le nouveau film de Roman Polanski, Le palais. Il faut évidemment encore le rappeler : « victime » n’est pas un gros mot. « Victime » n’est pas une étiquette avec laquelle les femmes choisiraient de s’étiqueter. Avoir été ou être victime n’est pas un choix. Ce n’est pas une plainte. Être victime, c’est porter seul ou presque le poids de la violence, sachant qu’une grande partie de la société va tenter de la nier. Être victime, c’est crier dans le vide, alors que la justice classe 86 % des plaintes pour violences sexuelles. Être victime, c’est ça