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L’influence croissante de la Russie sur le marché mondial du blé : un risque pour les approvisionnements occidentaux

Le blé a mauvaise mine. Depuis avril, les prix de la céréale sont en hausse. Contre toute attente, constate Zone Bourse, ils ont grimpé de 30% en quelques semaines.

Pour les consommateurs qui continuent de subir les aléas économiques de la guerre en Ukraine, « grenier » de l’Europe avant le conflit, le fardeau est lourd. La faute à une contraction de la production, très malvenue en ces temps de crise : la semaine dernière, le Conseil international des céréales (CIC) a enregistré une baisse globale de 3 millions de tonnes par rapport au mois précédent. Même si elle est largement imputée aux mauvaises conditions climatiques, les observateurs craignent l’influence de la Russie sur le marché du blé, alors que Moscou a déjà montré sa volonté de jouer sur l’approvisionnement énergétique de l’Occident. Et cette stratégie commence à l’intérieur des frontières de la Russie.

Russie : sur la route du gaz, de la mer Caspienne à la mer Noire

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Risques liés à l’opacité et au contrôle de la production par Moscou

Ainsi, note Bloomberg, la Russie ne ménage aucun effort pour resserrer son emprise sur son industrie céréalière, pourtant cruciale. Les autorités ont fait le ménage : les principaux négociants occidentaux, dont Cargill Inc., Viterra et Louis Dreyfus Co., se sont retirés pour laisser la place à des entreprises russes proches du pouvoir.

Aujourd’hui, une poignée d’entreprises soutenues par le régime se partagent le marché du blé russe, explique Bloomberg : quatre entreprises sont responsables des trois quarts des exportations de céréales des terminaux russes de la mer Noire (le même quatuor n’en contrôlait que 45 % il y a six ans).

Ce contrôle étatique sur les affaires économiques inquiète les vendeurs et les pays qui s’approvisionnent en blé russe, d’autant plus que « La Russie n’a jamais pesé autant qu’aujourd’hui » Sur ce marché, notait en mars Sébastien Abis, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et directeur du club Demeter, pour Terre-net. La Fédération a exporté 50 millions de tonnes de la précieuse céréale cette année, soit 25 % du marché mondial.L’Ukraine a exporté moins de blé et les autres pays n’en ont pas exporté davantage », analyse Sébastien Abis.

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« Ce qui veut dire que mécaniquement, en augmentant ses volumes et en voyant que le concurrent ukrainien était moins présent (…) il y a eu une « russification du marché mondial ».

Jusqu’à présent, rien n’indique que la Russie perturbera de manière significative ses propres approvisionnements, comme elle l’a fait en coupant les livraisons de gaz à l’Europe en 2022, mais son influence est scrutée.

Dangereux manque de visibilité

Le marché russe se repliant sur lui-même, les négociants qui continuent d’acheter des marchandises dans les ports russes s’inquiètent également du manque de transparence sur les volumes et les conditions des récoltes. En l’absence de personnel sur le territoire moscovite, le ministère américain de l’Agriculture, qui publie les prévisions mondiales de récoltes, s’appuie davantage sur l’imagerie satellite, qui peut passer à côté des dégâts.

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Mais les conditions climatiques en Europe et en Russie ont été très mauvaises ces derniers mois, avec des épisodes de sécheresse et de gel. Le Conseil international des céréales prévoit désormais que la production de blé russe va diminuer d’environ 6 % cette année.

Qui dit rareté de la ressource dit aussi impact sur les prix, rappelle Dennis Voznesenski, analyste à la Commonwealth Bank, pour Zone Bourse : « La Russie, qui est la source du blé le moins cher du monde, est confrontée à des déficits de production et les prix russes augmentent. »

La seule lueur d’espoir réside dans l’amélioration des perspectives de récoltes américaines, qui pourrait limiter les dégâts. L’Europe, quasiment privée de gaz naturel russe (hors GNL), dépend déjà du GNL américain pour se chauffer. Elle risque bien de devoir compter encore davantage sur Washington pour remplir ses assiettes.

Cet article a été initialement publié le 3 juin.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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