Bourse Entreprise

l’inflation a fait exploser les factures des propriétaires au cours des 5 dernières années

Ce n’est jamais un moment agréable. Les propriétaires doivent payer leur taxe foncière au plus tard le dimanche 20 octobre – à partir de ce mardi, si le montant de la taxe locale est inférieur à 300 euros. Une taxe foncière qui a « augmenté en moyenne de 20 % entre 2018 et 2013 dans toute la France »prévient l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) qui publie, ce mardi, son Observatoire des taxes foncières sur les propriétés bâties.

Comment expliquer une telle envolée des taxes foncières ces dernières années ? Si de nombreux propriétaires ont le sentiment qu’elle est la conséquence de la suppression de la taxe d’habitation initiée en 2018 par Emmanuel Macron, l’UNPI avance une autre explication : elle est principalement liée à la revalorisation annuelle des valeurs locatives cadastrales. Pour rappel, celles-ci servent de base au calcul de la taxe foncière.

Si par le passé, cette revalorisation était discutée au Parlement, elle est fixée depuis 2018 sur la base de l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH) entre novembre N-2 et novembre N-1. Une méthode qui, en raison de la forte inflation de ces dernières années, a fait des ravages : les bases cadastrales ont été augmentées de 14,8 % entre 2018 et 2023, selon l’UNPI. Rien qu’en 2023, ils ont augmenté de 7,1 %, une année record depuis 1986.

Concrètement, cela signifie que, même dans les communes où les taux de taxe foncière sont restés stables depuis cinq ans, les propriétaires ont vu leur taxe locale augmenter de près de 15 % ! Parallèlement, l’UNPI rappelle que cette forte augmentation « est presque quatre fois supérieure à la hausse des loyers (5,3%) sur la période 2018-2023 ». C’est pourquoi l’association des propriétaires demande « que l’indexation des valeurs locatives (…) à l’inflation soit réformée et basée non plus sur l’IPCH, mais sur l’ILH (indice des loyers résidentiels INSEE) ».

Modération fiscale des élus locaux

A l’inverse, le rapport de l’UNPI met en avant la modération fiscale des élus locaux. Au cours des cinq dernières années, la hausse moyenne des taux de la taxe foncière est restée très contenue à 4,52 %. C’est l’inflation qui a causé le malheur des propriétaires fonciers au cours des cinq dernières années.

Taxe foncière : malgré des hausses spectaculaires en 2024, les taux restent stables en moyenne

Si les élus locaux hésitent à deux reprises avant d’actionner le levier fiscal, c’est peut-être aussi parce que le taux de la taxe foncière est déjà élevé dans un grand nombre de territoires. Dans les cinquante plus grandes villes de France (plus de 90 000 habitants), elle s’élève en moyenne à 44,72 %. Soit quatre points au dessus de la moyenne nationale (40,36%). Un paramètre qui n’a toutefois pas empêché quelques hausses de tarifs spectaculaires entre 2018 et 2023.

Selon l’UNPI, le taux de la taxe foncière à Paris a augmenté de 71,6 % sur cette période, hors taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Même si Paris reste toujours parmi les grandes villes de France les moins chères en termes de taxes locales. A l’inverse, Grenoble, connue pour ses impôts locaux élevés, n’a pas hésité à augmenter encore son taux de 42,5 % en cinq ans. Ce qui fait de la grande ville de France (plus de 100 000 habitants) la plus chère à vivre pour les propriétaires. Viennent ensuite des communes comme Strasbourg (+31,7%), Vitry-sur-Seine (+30,3%) et Tours (+30,2%).

La seule bonne nouvelle pour 2025 est que la revalorisation des bases locatives devrait diminuer significativement. Selon l’Insee, l’indice des prix à la consommation harmonisé sur un an, en septembre, a culminé à +1,5%. Mais la situation très dégradée des finances publiques et l’effort de 5 milliards d’euros demandé aux collectivités locales par le gouvernement de Michel Barnier pourraient faire craindre aux propriétaires de nouvelles hausses de taxe foncière à l’automne prochain.