Pour la première fois depuis 1998, les producteurs de cognac ont manifesté mardi contre la menace de surtaxes chinoises sur les spiritueux européens à base de vin, refusant de payer le prix du bras de fer sino-européen sur les voitures électriques.
Quelque 800 personnes se sont rassemblées à la mi-journée devant la sous-préfecture de Cognac, accompagnées d’une centaine de tracteurs, selon la préfecture de la Charente. « Il y a urgence. Dès que l’Europe se sera positionnée sur les voitures électriques, les taxes seront définitives et mettront en péril toute l’activité du secteur »craint Anthony Brun, président de l’UGVC.
Dans un contexte de tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne (UE), Pékin a lancé en janvier une enquête sur les spiritueux à base de vin importés de l’Union européenne, en réponse à une enquête de Bruxelles sur les subventions chinoises aux voitures électriques.
Fin août, Pékin a déclaré avoir trouvé des preuves de dumping en excluant « Pour l’instant » d’imposer des droits de douane temporaires sur « eaux-de-vie » Européens – dont près de 95% de cognac. Les maisons de négoce ont récemment reçu « notifications d’intentions fiscales »selon Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac, qui indique qu’elles pourraient être de l’ordre de 35% en moyenne.
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Le mécanisme infernal de ce bras de fer
« Depuis un an, nous alertons les autorités françaises et européennes sur ce risque et sur la nécessité de stopper le cercle vicieux dont nous sommes victimes sans en être la cause (…) Nous n’avons pas été écoutés »« C’est ce qu’écrit le porte-parole des vignerons dans une lettre adressée au nouveau Premier ministre Michel Barnier et remise mardi à la sous-préfecture. Une réunion avec Matignon a été organisée », a-t-il ajouté. « par principe »selon l’organisation interprofessionnelle.
« Les autorités françaises et européennes ont décidé de nous sacrifier », déplore l’UGVC. « Nos emplois, notre poids dans l’économie du territoire, notre contribution aux échanges et à l’image de la France importent peu. » L’organisation interprofessionnelle juge également « C’est insupportable et inacceptable d’être pris en otage ».
« Depuis l’ouverture de l’enquête début janvier, nous avons coopéré pleinement et complètement avec les autorités chinoises. Les entreprises ont ouvert leurs portes, leurs dossiers et leurs comptes. Nous avons des millions d’euros de frais de procédure et administratifs pour un résultat nul. »se lamente Florent Morillon. Des contrôleurs chinois devraient également arriver dans les prochaines semaines, regrette encore Florent Morillon, pointant du doigt « un risque important d’espionnage industriel ».
Les professionnels du cognac craignent de devenir la variable d’ajustement
Les professionnels craignent d’être amenés à « disparaître du marché chinois »qui absorbe « un quart des exportations en valeur » Eau-de-vie de Charente et représente jusqu’à 60% du chiffre d’affaires de « quelques maisons »Selon Florent Morillon, ils appellent l’Union européenne à reporter sa position sur le dossier des véhicules électriques, attendue le 25 septembre. Le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, est attendu mercredi à Bruxelles.
« Nous n’avons aucune issue. Si l’Europe ne nous suit pas, nous sommes morts. »ajoute Rodolphe Texier, membre du Syndicat des jeunes agriculteurs de Charente, craignant des licenciements dans toute la filière, des chaudronniers et tonneliers aux maisons de production et aux transporteurs.
L’appellation, qui regroupe 4.400 exploitations, 120 bouilleurs de cru professionnels, 270 négociants et représente 15.000 emplois directs, 70.000 emplois indirects, souffre déjà d’une baisse des ventes (-22% en volume en 2023) et a réduit drastiquement les surfaces autorisées pour de nouvelles plantations de vigne, après plusieurs années fastes.
L’industrie de l’Armagnac, pour laquelle la Chine est le deuxième marché en valeur et le troisième en volume, a également soutenu la manifestation, refusant d’être une « variable d’ajustement des tensions géopolitiques ».
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